Édito : Attention, brouillard, risques de collisions !
L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis ajoute une nappe de brouillard supplémentaire sur le chemin de l’Union européenne.
Un environnement hostile cerne notre continent avec des acteurs imprévisibles aux intentions malveillantes souvent masquées par le brouillard des mots. Toutes nos valeurs, nos certitudes et nos principes risquent d’être percutés par les actions revanchardes d’autocrates ou apprentis autocrates qui n’en ont que faire.
Rappelons quelques-uns des principes sur lesquels l’Union européenne s’est construite :
Le libre-échange : pour certaines puissances, il ne s’agit même plus d’en modérer les effets négatifs mais de les ignorer au nom d’intérêts nationalistes. La Chine subventionne impunément ses industries et les États-Unis veulent élever des barrières douanières pour protéger les leurs.
Le respect du droit international : il était déjà piétiné effrontément par Poutine, Xi Jinping, Modi, Netanyahou, les terroristes islamistes et bien d’autres. Mais l’État qui se targuait d’être le shérif du monde va passer du côté des hors-la-loi dès lors que ses intérêts seront en jeu ; torture, déportation ne sont plus des tabous dans le langage du nouveau locataire de la Maison Blanche.
Les droits de l’Homme : la grande majorité des États de la planète considèrent déjà que c’est une valeur occidentale qui ne s’applique pas à eux. Les droits des femmes, des minorités raciales ou sexuelles risquent d’être allègrement piétinés par Donald Trump qui méprise ces composantes de la population.
L’état de droit et la séparation des pouvoirs : ils sont carrément ignorés par une bonne partie de la planète. Les discours de Trump montrent que, quand ses intérêts personnels seront en jeu, cela n’aura plus cours aux U.S.A ; quant à la Russie, cela fait déjà longtemps que la justice est aux ordres du pouvoir.
La paix : même si aux confins de l’U.E la paix n’a jamais été totale ni permanente, notre environnement s’enflamme avec des conflits où les quelques lois de la guerre et le droit humanitaire sont délibérément ignorés : Ukraine, Arménie, Géorgie, Syrie, Liban, Palestine, Israël, Libye…
La justice internationale : alors que tous les États de l’U.E sont membres de la Cour pénale internationale, tous les autres grands acteurs refusent de participer à ce système : États-Unis, Russie, Chine, Inde, Israël…. Selon que cela sert leurs intérêts ou non, ils louent les décisions de la Cour (les États-Unis pour l’inculpation de Poutine), laissent faire sans conviction (Afrique) ou les vomissent (les États-Unis pour Israël, le monde arabe pour le Hamas, la Russie pour l’Ukraine).
Nous, Européens, devons être fermes sur nos principes et nos valeurs, ne pas accepter de transiger lorsque nos intérêts sont en balance ou lorsqu’un des inculpés par la justice internationale nous menace.
Nous devons aussi être cohérents et ne pas accepter qu’ils soient écornés, relativisés, méprisés par certains États membres de l’U.E et quelques hommes ou femmes politiques européens au nom de la lutte contre le terrorisme ou l’immigration clandestine. Nous serons d’autant plus crédibles si nous nous appliquons les principes que nous demandons aux autres de respecter, serions-nous les derniers à les défendre sur la surface du globe. Le brouillard ne doit pas embrumer nos esprits ni camoufler nos renoncements !
F. Bourquin, président de la Maison de l’Europe de Nîmes
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