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Vignette : L'Europe et la corruption

L’Europe est-elle à l’abri de la corruption ?


Évidemment, non. C’est pourquoi l’Union européenne, comme toute structure étatique, a mis en place des organismes dont la mission est précisément de veiller au grain. En voici deux : l’Office de Lutte Anti-Fraude, OLAF pour les intimes (ça ressemble à un prénom, que nous allons entendre régulièrement dans les mois qui viennent), et la Cour des Comptes européenne. L’OLAF a été créé en 1999, la Cour des Comptes, en 1975. Il ne s’agit donc pas de créations récentes.

Mais est-ce que ça marche ? Clairement oui, il y a en permanence des saisies, des procès, des restitutions, des enquêtes, qui ne font pas la une des journaux mais qui protègent l’argent public européen, notre argent, de toutes les malversations, de tous les détournements, et plus généralement de toutes les convoitises que ne peut manquer d’attirer un budget annuel de 150 milliards d’euros -un budget très faible, du reste, puisqu’il ne représente que 1% du produit intérieur brut des 27 États-membres. Mais ceci est une autre histoire. Mais est-ce que ça marche à 100% ? Clairement non, pas plus que les caméras dans les grandes surfaces n’empêchent qu’il y ait, de ci de là, des vols.

Si je reviens aujourd’hui sur cette histoire de corruption dans les institutions européennes, c’est parce qu’une enquête très fouillée du journal Libération a démasqué, chez quelques (rares, d’ailleurs) hauts responsables de la Cour des Comptes européenne des pratiques inadmissibles, du genre frais d’hébergement, de restauration, de déplacement, indus ou payés deux fois qui, même minimes au regard des budgets considérés, n’en sont pas moins extrêmement choquantes. Des pratiques, d’ailleurs, qui ont toutes les chances non seulement de s’arrêter, mais aussi de donner lieu à des remboursements, comme cela s’est déjà fait dans le passé. Et cela, grâce à la vigilance d’une presse attentive, compétente et courageuse, mais aussi à l’intervention à la fois de l’OLAF, le fameux Office anti-fraude, et du Parlement européen, qui est pleinement dans son rôle en dénonçant ces pratiques et en exigeant la démission des coupables.

En quelque sorte, on peut dire qu’on est dans une situation normale, celle que connaissent toutes les démocraties : quelques grands personnages font n’importe quoi, en se pensant à l’abri et en oubliant que tôt ou tard on est rattrapé par ses turpitudes, et ça ne manque jamais. Et nous de notre côté, avec notre conviction inchangée que l’Europe est, avec tous ses défauts, le seul horizon viable pour nous et pour nos enfants, nous nous réjouissons aussi quand des malhonnêtetés sont découvertes, dénoncées, poursuivies, et plus tard sanctionnées. Chaque chose en son temps. Du moins pouvons-nous nous convaincre que ces scandales, encore une fois bien rares, sont l’exception qui confirme la règle, la règle étant, dans les institutions européennes, plutôt du côté de la transparence et de la rigueur.


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