Trop fort Super-Mario !!
Mario Draghi, qui a été gouverneur de la Banque centrale d’Italie puis président de la Banque centrale européenne de 2011 à 2019, a été appelé à devenir président du Conseil pour « sauver l’Italie ». Auréolé du prestige d’avoir « sauvé la zone euro » en 2012, il a réussi l’exploit de rassembler autour de lui la presque totalité des partis italiens, y compris des populistes comme Forza Italia (parti de Berlusconi) et la Ligue du Nord de Matteo Salvini (maintenant appelée plus simplement La Ligue) !
La situation de l’Italie n’est pas bonne : elle a été profondément touchée par l’épidémie de Covid 19, sur fond de déclin depuis les années 90, sa baisse de croissance en 2020 est une des plus accentuées de la zone euro, sa dette publique par rapport au PIB n’est dépassée que par celle de la Grèce. Le réseau des PME de Lombardie, Émilie-Romagne et Vénétie, qui faisait la force de l’industrie italienne, peine à se moderniser.
Mario Draghi parviendra-t-il à redresser la situation ?
Appelé le 2 février à constituer un gouvernement après l’échec de Giuseppe Conte, il a su constituer une équipe de gouvernement qui rassemble des techniciens (comme lui-même, qui n’a jamais eu de mandat électif en Italie) et des représentants des partis. Il a obtenu très largement la confiance du Sénat puis de la Chambre des députés, les 17 et 18 février. Seuls les néofascistes de Fratelli d’Italia jouent la carte de l’opposition. Cependant les « états de grâce » durent peu… Mario Draghi a deux atouts majeurs dans sa manche : sa très bonne connaissance du fonctionnement des institutions européennes, dans lesquelles il a un solide réseau, et les 210 milliards d’€ que la Commission européenne prévoit de verser à l’Italie au titre du Plan de relance européen (80 milliards de subventions et 130 milliards de prêts à faible taux, remboursables à partir de 2028). Des montants considérables, mais qui doivent être orientés vers des investissements productifs et pas vers les dépenses de fonctionnement. L’Union européenne demande d’ailleurs à tous les États membres, avant tout versement (et avant le 30 avril), un « fléchage » des montants de ce plan de relance vers des investissements d’avenir : infrastructures, transition écologique, numérisation,... Cela Mario Draghi le sait évidemment très bien. Il sait aussi que l’Italie a besoin de profondes réformes : du marché du travail, de pans entiers de l’administration (comme la justice), et que l’adoption de ces réformes ne sera pas toujours populaire. En attendant, souhaitons-lui le succès et réjouissons-nous que son expérience européenne réussie soit aussi bien reconnue dans son pays. Il a déjà fait un miracle : rallier à la cause européenne Matteo Salvini, qui en 2018 réclamait un référendum sur la sortie de l’euro et de l’UE !
Matteo Salvini se convertit à l’Union européenne.
Le dirigeant de la Ligue, en Italie, vient de faire une déclaration d’amour enflammée à l’Europe en répudiant ses positions passées. Avec l’enthousiasme des nouveaux convertis, il abandonne sa critique de la politique européenne de migration, de la politique budgétaire et des valeurs portées par l’Europe.
Salvini, plus connu pour ses provocations populistes, se dit désormais favorable à un accueil des migrants, à la distribution des fonds européens de solidarité dans le cadre de l’épidémie, et abandonne son attirance pour des « hommes forts » : « Nous devons regarder les démocraties occidentales, les libertés promues par l’Occident sans soutenir des régimes qui n’ont rien de démocratique ou bien peu ».
C’est au fond un élan passionné qu’il ressent. L’Europe est d’abord un sujet charnel : « Nous avons les mains, les pieds, le cœur et le cerveau en Europe… J’ai deux enfants qui grandissent et pensent en tant qu’Italiens en Europe, et donc ce qui nous intéresse, c’est de défendre l’intérêt des Italiens en Europe mais avec une perspective et dans un esprit européen ! »
De manière plus discrète, il a même pris une adhésion de soutien à l’association Sauvons l’Europe et souhaiterait devenir référent local de l’association dans le Latium !!
Enfin, à côté de sa prestation récente de « ministre de l’intérieur - DJ de plage » (début août, à une fête régionale de La Ligue, dont il est le leader), il a fait savoir qu’il était prêt pour la cause européenne à « tous les sacrifices ».
Source, pour Matteo Salvini: Sauvons l’Europe, 22 février 2021
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