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TikTok et l'Union européenne

Que se passe-t-il entre TikTok et l’Union européenne ?





 

Tout d’abord qu’est-ce que TikTok ?


TikTok est une application mobile de partage de courtes vidéos (verticales et de quelques secondes à quelques minutes), d'images, et un réseau social, lancés en 2016.


Développée par l'entreprise chinoise ByteDance pour le marché non chinois elle est rapidement devenue populaire chez les jeunes internautes, atteignant selon la plate-forme environ un milliard d'utilisateurs au troisième trimestre 2024 et 22 millions d'utilisateurs actifs mensuels en France en 2023.



Souce : Unsplash


Que lui est-il reproché ?


Selon Lisa Dittmer, chercheuse à Amnesty International, le système algorithmique de recommandation de contenu, auquel est attribué l’essor rapide de la plateforme à l’échelle mondiale, expose les enfants et les jeunes adultes ayant déjà des problèmes de santé mentale à de graves risques.


A cela, on peut ajouter selon les spécialistes des inquiétudes sur la sécurité des données personnelles. Si TikTok comme Facebook d’ailleurs, stocke les données personnelles européennes en Irlande conformément à la législation sur les plateformes, le réseau rapatrie en Chine le résultat des traitements sur ces données. Par ailleurs, la plupart des pays dans le monde expriment des craintes concernant une gestion des contenus manipulés ou orientés par une puissance étrangère*.


L’UE a donc commencé à faire des investigations depuis 2023 : « TikTok étudie-t-il en profondeur les risques, notamment de "dépendance comportementale", que son outil suscite ? Que fait-il pour les atténuer ? Empêche-t-il suffisamment les mineurs à accéder à des contenus inappropriés ? »   A ces questions, TikTok n’a pour le moment pas apporté de réponses satisfaisantes. Raison pour laquelle il fait l’objet de deux enquêtes ouvertes par la Commission européenne.


1) La Commission avait ouvert en février 2024 une procédure formelle contre TikTok, soupçonné d'avoir enfreint le DSA (Digital Security Act) dans des domaines liés à la protection des mineurs, à la transparence de la publicité, à l'accès aux données pour les chercheurs, ainsi qu'à la gestion des risques liés à la conception addictive et au contenu nocif de son application.


2) Le 24 avril 2024 TikTok devait donc aussi transmettre sous 24 heures son « évaluation des risques » liés à la nouvelle application « TikTok Lite**», et pour cela, répondre à une série de questions dans le même délai. Cette demande formelle intervient dans le cadre de la nouvelle législation européenne sur les services numériques (DSA) qui impose depuis l'an dernier à vingt-deux très grands acteurs de l'internet, dont TikTok, des règles renforcées pour garantir la sécurité des utilisateurs.


Sans réponse dans les temps de ByteDance, La Commission européenne a finalement décidé de rendre contraignants les engagements pris par TikTok de retirer définitivement le programme de récompenses de TikTok Lite. Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission européenne en charge de la concurrence et du numérique, a souligné l'importance de cette décision pour l'industrie des médias sociaux : « Les plateformes doivent concevoir leurs services de manière à protéger le bien-être de leurs utilisateurs. »


Cette décision pourrait entraîner des répercussions majeures sur la manière dont les plateformes numériques développent et déploient leurs fonctionnalités à l'avenir. Elle incite les entreprises à adopter une approche plus prudente et responsable. Le DSA pourrait également servir de modèle pour d'autres régions du monde, cherchant à encadrer les pratiques des géants de la technologie et à garantir la protection des utilisateurs.

 

Le débat sur l’avenir de TikTok en Europe continue de faire rage, tous les yeux sont tournés vers les décideurs de l’UE. L’enjeu est de taille : Comment assurer la sécurité des utilisateurs sur les réseaux sociaux, notamment pour les plus jeunes, sans bloquer le développement de services et les nouvelles initiatives créatrices de richesses et de culture ?


Charles-Antoine ROUSSY

 

* C’est l’Inde qui ouvrait le bal en juin 2020 : TikTok, interdit, au nom du respect de la souveraineté nationale après des affrontements meurtriers avec la Chine, à la frontière himalayenne. Depuis, le Canada, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, certains pays européens et les institutions de l’UE ont à leur tour proscrit le téléchargement de l’application à leurs fonctionnaires, un rapport du Sénat français a préconisé son interdiction en juillet 2023 et aux États-Unis, la loi Protecting Americans From Foreign Adversary Controlled Applications Act ("protéger les Américains d’applications contrôlées par des adversaires étrangers") du 23 avril donne à TikTok 270 jours pour trouver des investisseurs non chinois, à défaut de quoi la plateforme sera interdite du sol américain. Aussitôt, le 7 mai, TikTok déposait plainte pour non-respect de la liberté d’expression. Le climat de suspicion ou d’hostilité ne cesse donc de croître. 

** TikTok Lite était une version simplifiée de l'application TikTok. Elle permettait aux utilisateurs de gagner des récompenses en échange de leur engagement sur la plateforme. En regardant des vidéos, en likant des contenus ou en invitant des amis, les utilisateurs pouvaient accumuler des points échangeables contre des bons d'achat ou des cartes-cadeaux.

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