Lettre Europe mars 2023
Photo du mois:
Tribune:
Faut-il modifier la directive sur les lanceurs d’alerte ?
Avec le procès en appel des Laboratoires SERVIER pour le Mediator, le Dr Irène FRACHON , lanceuse d’alerte dans ce cadre revient sur le devant de la scène.
Lors d’une rencontre en privé, elle avait évoqué avec pudeur les pressions effroyables dont elle a été victime depuis 2010, que ce soit de la part du laboratoire, de confrères, d’universitaires et même de l’administration du CHU.
Le 23 octobre 2019, le Parlement européen a adopté une directive qui a été transposée en droit français par la loi n°2022-401 du 21 mars 2022, parfois appelée loi Waserman.
Tout d’abord qu’est-ce qu’un « donneur d’alerte » ? : ce sont «des personnes qui prennent la parole lorsqu'ils sont confrontés, dans le cadre de leur travail, à des actes répréhensibles qui peuvent nuire à l'intérêt public, par exemple en portant atteinte à l'environnement, à la santé publique et aux consommateurs, à la sécurité et aux finances publiques de l'UE ». Leurs rapports peuvent conduire à une détection, une enquête et une poursuite efficaces des violations du droit de l'UE qui, autrement, resterait caché, portant gravement atteinte au bien-être de la société et, généralement, à l'intérêt public. »
La loi du 21 mars 2022 élargit la liste des mesures de représailles interdites, notamment dans le monde du travail, qui pourraient être prises à l’encontre d’un lanceur d’alerte ou d’un membre de son entourage (ex : licenciement, mesures disciplinaires, rétrogradation ou refus de promotion, etc.). La loi étend également l’immunité des lanceurs d’alerte : leur responsabilité civile est écartée s’ils ont effectué un signalement de bonne foi et il en va de même de leur responsabilité pénale s’ils soustraient, détournent ou recèlent les documents ou tout autre support contenant les informations dont ils ont eu connaissance de manière licite.
Cependant, cette directive se limite à certains domaines du droit, énumérés à l’article 2, à savoir, entre autres, les marché publics, la protection des consommateurs ou encore la sécurité et la conformité des produits. Cependant, les Etats membres peuvent étendre cette protection dans le droit national à des domaines non visés par la directive. Si la France souhaitait par exemple étendre la protection des lanceurs d’alerte au domaine du harcèlement sexuel ou moral (non visé par la directive), rien ne l’interdirait.
Le harcèlement moral ou sexuel est une cause majeure des féminicides en France et en Europe. La protection apportée par la loi sur les lanceurs d’alerte qui s’applique au lanceur lui-même mais aussi aux proches éventuellement impliqués permettrait d’éviter bien des drames.
Je propose que nous envisagions de lancer une initiative sur ce thème. Qu’en pensez-vous ?
Charles-Antoine ROUSSY, président
Les nouvelles de l'Europe:
La guerre en Ukraine un an après
La fin du mois de février marque un triste anniversaire : la guerre d’invasion de l’Ukraine par la Russie a commencé il y a un an à l’aube du 24 février 2022.
Crédits : Présidence ukrainienne
Volodymyr Zelensky a entrepris une visite éclair de plusieurs capitales européennes, deux mois après son voyage à Washington.
Le 8 février, le chef de l’Etat ukrainien est allé à Londres et à Paris, où il a également retrouvé le chancelier allemand, Olaf Scholz, pour inciter les dirigeants européens à accroître leur appui militaire. Le choix de ces capitales n’est pas anodin car ce sont les pays disposant de la force nucléaire.
Le lendemain, Volodymyr Zelensky est arrivé à Bruxelles. « Merci énormément pour votre soutien », a-t-il déclaré en arrivant au Parlement européen où il a été longtemps acclamé par les députés.
Le président ukrainien et la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola - Source : Parlement européen
Les dirigeants de l'UE l’ont ensuite accueilli au Conseil européen, et ont procédé avec lui à un échange de vues sur la guerre et le soutien de l'Union européenne à l'Ukraine et à sa population.
Charles Michel, Président du Conseil européen, entouré par la présidente de la Commission et par Emmanuel Macron, a accueilli V. Zelenski : « Bienvenue chez vous, bienvenue dans l’UE »
Les chefs d'État ou de gouvernement de l'UE ont également évoqué de nouvelles mesures restrictives à l'encontre de la Russie, des sanctions contre les crimes de guerre, la future reconstruction du pays et enfin le processus d'adhésion de l'Ukraine à l'UE.
Si Zelensky souhaite que son pays puisse entamer des négociations d'adhésion dès cette année, Charles Michel et Ursula von der Leyen ont répondu dans un langage tout à fait diplomatique en soulignant les progrès "impressionnants" de l'Ukraine dans la mise en œuvre de réformes, tout en reconnaissant que la route vers l'intégration serait longue et difficile.
Le but de ces différentes rencontres était d’exhorter les dirigeants de l’Union européenne à accélérer les livraisons d’armes pour son pays, afin "d'aller plus vite" que la Russie. "Nous avons besoin d’artillerie, de munitions, de chars modernes, de missiles à longue portée, d’avions de chasse modernes", a-t-il déclaré devant les Vingt-Sept.
L’effort de guerre fourni par les pays de l’OTAN depuis le début de la guerre est impressionnant :
Les Etats-Unis sont de loin les premiers donateurs, près de 48 milliards d’euros annoncés depuis la fin du mois de janvier 2022, dont 22,9 milliards en aide militaire (47,9 % du total). Les pays de l’Union européenne ont annoncé à la fois des aides bilatérales (16,23 milliards d’euros) et des aides communes provenant des fonds de l’Union européenne (29,89 milliards d’euros), soit un total de 46,12 milliards d’euros.
Le KIEL Institute for the World Economy a mis en place une base de données afin de quantifier l'ampleur de l'aide à l'Ukraine et de rendre les mesures de soutien comparables entre les pays donateurs, elle est consultable en suivant le lien ci-dessous :
Cette carte représente, en milliards d’euros, le niveau de l’aide à l’Ukraine au 20 novembre 2022.
A Paris, Zelensky réclame des avions de combat. "Je vous demande, à vous et au monde, des avions de combat pour l’Ukraine, des ailes pour la liberté".
Le président français a assuré son homologue ukrainien de sa "détermination" à "accompagner" l’Ukraine "vers la victoire" et de sa volonté de poursuivre les livraisons françaises d’armes à l’Ukraine. Mais devant la presse, Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont temporisé sur la question des avions, Le chancelier s’est borné à lui assurer que les alliés soutiendraient son pays, notamment militairement, "aussi longtemps que nécessaire".
Au bout d’un an non seulement aucune issue n’a été trouvée au conflit mais les relations internationales deviennent de plus en plus tendues, la déstabilisation en Moldavie, les relations troubles entre la Chine et la Russie rendent l’avenir incertain et inquiétant.
Isabelle ROUSSY
Relations UE/Chine : Chapitre II
Les évolutions géopolitiques récentes depuis 2022 ont considérablement réduit la marge de manœuvre qui existait pour une coopération positive entre l’UE et la Chine. Dans ce contexte, trouver des terrains d’entente est très délicat.
Source : Toute l’Europe
Cela va à l’encontre des objectifs de l’UE de 2019. De nouveaux objectifs doivent être fixés très rapidement, ce qui est particulièrement difficile avec un partenaire adepte du « temps long ». De plus les nouvelles priorités de l’UE s’inscrivent dans le respect réel de la réciprocité des normes, et des procédures établies.
Sur la base de ces normes, l’UE affirme actuellement poursuivre sa coopération avec la Chine pour promouvoir un système commercial multilatéral règlementé. Elle insiste sur la réalisation des Objectifs de développement durable (O.D.D.) et la recherche de nouvelles façons de réduire les risques sanitaires et numériques dans le monde. Sur cet axe, il est particulièrement difficile de trouver des convergences avec la Chine dans le cadre des infrastructures stratégiques, des réglementations sur les plateformes qui sont aussi puissantes que les GAFAM américains (BAIDU, ALIBABA, XIOMI, HUAWEI …) ou les systèmes de protection des données.
l’U.E. et la Chine pourraient sans doute établir une coopération bilatérale plus étroite dans deux domaines où chacune possède des intérêts majeurs que les autres régions du monde ne partagent pas aussi étroitement :
Le réchauffement climatique et la décarbonation des systèmes énergétiques et de production,
Ainsi que le manque de financement des infrastructures en Afrique, que ce soit en matière d’énergie propre ou de transport.
Le réchauffement climatique
En train de devenir la première puissance économique mondiale, la Chine affirme avec force son intérêt pour la bataille climatique voulant en faire un enjeu stratégique et de suprématie mondiale. Territoire particulièrement vulnérable et exposé aux désastres environnementaux, force est pourtant de constater le véritable paradoxe dans lequel se positionne le pays. L’extraction de charbon (4 milliards de tonnes extraites en 2022), le recherche continuelle de pétrole et de gaz montre un appétit féroce pour les énergies fossiles malgré des investissements majeurs dans le cadre des ressources renouvelables.
Selon une étude du Massachusetts Institute of Technology (M.I.T.) datant de 2018 : « la plaine du nord de la Chine, région la plus densément peuplée et la plus importante sur le plan agricole, pourrait devenir inhabitable d’ici la fin de ce siècle, en raison de la combinaison mortelle de chaleur et d’humidité ». D’après le professeur Elfatih Eltahir du MIT, « la Chine est actuellement le plus grand contributeur aux émissions de gaz à effet de serre, avec des implications potentiellement graves pour sa propre population. À moins que des mesures drastiques ne soient prises pour réduire les émissions de carbone, cette région qui s’étend de Pékin à Shanghai et abrite 400 millions d’habitants pourrait être confrontée à de telles conditions mortelles à plusieurs reprises entre 2070 et 2100 ».
L’ambition de la Chine de devenir leader en énergies vertes s’inscrit dans une véritable stratégie d’innovation de Pékin. À ce titre, si les objectifs climatiques de la Chine ne sont pas remis en cause, selon certains observateurs, ils seront en revanche de plus en plus coûteux. Rappelons qu’une grande partie des émissions chinoises sont liées à des produits exportés vers l’Europe ; à ce titre, il est également de notre responsabilité de raccourcir et optimiser nos chaînes d’approvisionnement.
Comme le précise la directrice d’Oxfam-France Cécile Duflot, si ses habitants sont exposés au scénario gravissime d’extrême température combinée à une extrême humidité, « la Chine serait capable de faire un virage d’une grande rapidité » car elle bénéficie d’une marge de manœuvre qu’un système démocratique n’admet pas. C’est en effet une possibilité. Mais face à cette affirmation, la question se pose : pourquoi attendre d’être confronté au pire scénario possible pour n’avoir d’autre choix que d’engager une diminution drastique de ses émissions de gaz à effet de serre ?
L’Organisation mondiale du Commerce
Au point de vue de l’Organisation mondiale du Commerce (O.M.C.), beaucoup de questions se posent, sans réponse à ce jour.
Si L’U.E. souhaite garantir la coopération de la Chine au sein de l’OMC et d’autres enceintes multilatérales dans le but d’éviter sa marginalisation et qu’elle ne devienne plus agressive, elle devra également continuer à coopérer avec les États-Unis sur une réforme de l’O.M.C. Un scénario encore peu plausible compte-tenu de la position de Washington sur le sujet.
Comment peut-on justifier à terme que la Chine bénéficie toujours des avantages propres à une économie en voie développement - droit de protéger certaines filières, de ne pas ouvrir totalement la propriété de ses entreprises, limitations dans les services et pour les marchés publics… - alors même qu’elle a atteint un stade de développement élevé ?
Comment lutter contre la "subventionnite" propre au système chinois et à son recyclage de l’épargne et des excédents extérieurs ?
Au regard de la mainmise de l’État chinois sur les entreprises publiques et hybrides, comment éviter que la Chine ne siphonne les technologies étrangères pour monter en gamme au moindre coût humain ?
Conclusion
Hormis le plan commercial déjà évoqué, la coopération U.E./Chine peut se résumer en trois axes :
La coopération à l’intérieur des grandes structures internationales (O.M.C., O.N.U., O.M.S. …) où les objectifs de multilatéralismes tendent à rapprocher un peu les deux entités malgré des visions très différentes.
La bataille des normes et de la protection des données personnelles, industrielles et des brevets où la guerre fait rage. La position des USA sera certainement déterminante à terme.
La lutte contre le réchauffement climatique qui est certainement la préoccupation commune véritable, mais dont les environnements politiques et géographiques sont si divers que les approches bilatérales sont difficiles.
Charles-Antoine ROUSSY
Les nouvelles de la Maison de l'Europe de Nîmes:
Le 22 janvier 2023 - 60 ans Traité de l’amitié franco-allemande
A l'occasion du 60e anniversaire du traité d’amitié entre Allemands et Français, la Maison de l’Europe de Nîmes a participé à plusieurs évènements mettant l’amitié et l’échange entre nos deux pays en lumière.
Nous venons d’allumer la 60e bougie du traité de l’Elysée, signé en 1963, qui définissait le cadre des coopérations à venir dans trois domaines : affaires étrangères, défense et éducation. Qui aurait pensé un tel succès possible à peine vingt ans après la fin des hostilités entre nos deux pays ? Peut-être les dirigeants de l’époque, Konrad Adenauer et Charles de Gaulle : ils ont su entraîner à leur suite les deux populations, et ainsi clore définitivement une longue litanie de conflits et d’incompréhensions. Reconnaissons qu’il fallait du courage pour assumer une telle vision politique, vision que peu de gens partageaient alors. Au fil des années, la coordination, les échanges entre gouvernements allant jusqu’à la mise en place de conseils des ministres binationaux tenus régulièrement (une initiative quasiment unique) ont placé les deux pays en tête de l’attelage européen, position toujours maintenue sous ses deux appellations de " moteur " outre-Rhin et de couple franco-allemand côté français. Très certainement, notre Union européenne doit beaucoup à ce traité du 22 janvier 1963. En tant que Point info OFAJ et référent régional Occitanie du Fonds citoyen franco-allemand, la Maison de l’Europe de Nîmes a participé à plusieurs évènements mettant en avant l’amitié et l’échange entre nos deux pays:
Le premier évènement s’est déroulé dans le Vaucluse avec la projection du film "Le mur qui nous sépare – Zwischen uns die Mauer", le mardi 17 janvier. Soutenu par l’OFAJ, l’association comtadine franco-allemande a réuni 160 élèves au cinéma Rivoli à Carpentras pour organiser une projection du film « Le mur qui nous sépare ». Ce film met en lumière l’amour quasi impossible entre deux jeunes de part et d’autre du mur de Berlin. Michael Stange, référent du Fonds citoyen en Occitanie et originaire de l’Allemagne de l’est a témoigné de ses expériences à la fin de la projection.
Le même jour à Nîmes, "Une soirée allemande" au Café Multi Kulti. Notre traditionnel Café Multi Kulti au café Olive a été placé sous le signe de l’Allemagne, mardi 17 janvier. Avec l’aide des volontaires allemands à Nîmes et grâce à l’OFAJ, plusieurs stands d’informations et des présentations de l’Allemagne ont été organisés. La dégustation de spécialités allemandes a complété ce moment festif et convivial. Une trentaine de personnes, essentiellement des jeunes, y ont participé.
Journée franco-allemande au lycée Saint-Stanislas à Nîmes. Sous l’impulsion de l’enseignante d’allemand, Jana Csaszar, le lycée Saint Stanislas a organisé une journée allemande au lendemain du 60e anniversaire, le lundi 23 janvier. Plus de 150 élèves de 6ème, 5ème, 4ème, 3ème et 2nde ont pu participer à des ateliers « A la découverte de l'Allemagne », aux animations linguistiques et à une présentation sur les relations franco-allemandes, les différentes possibilités de mobilité ainsi qu’un quizz sur l'Allemagne.
Le mercredi 25 janvier Michael Stange a participé à la semaine franco-allemande de la Maison de l’Europe de Bordeaux en animant une soirée sur les dispositifs financiers pour les comités de jumelage et notamment sur le Fonds citoyen franco-allemand. Une trentaine de personne du milieu associatif y ont participé.
Le jeudi 26 janvier, en collaboration avec l’association franco-allemande du Pays de Sommières, nous avons accueilli Pascal Thibaut de Radio France Internationale à Berlin à la Maison de l’Europe pour la conférence -débat « Le couple franco-allemand, un couple durable ».
Pour clôturer cette quinzaine franco-allemande, une rencontre virtuelle s’est déroulée le 27 en matinée entre les élèves du lycée Saint Stanislas de Nîmes et les élèves du Hans und Hilde Coppl Gymnasium à Berlin. Elle s’est tenue à la Maison de l’Europe grâce à l’achat récent d’un système de visio-conférence. Après un tour de présentation pour faire connaissance dans la langue du voisin, les élèves ont préparé en groupe mixte des affiches sur la perception du pays voisin. En juin, les correspondants allemands rendront visite au lycée Saint Stanislas à Nîmes.
L’après-midi, journée franco-allemande à l’Hôtel de Ville d’Avignon : pour célébrer ce 60e anniversaire de l’amitié franco-allemande, le comité de jumelage d’Avignon a invité des représentants de sa ville jumelle Wetzlar. Avec les volontaires allemands de l’OFAJ à Nîmes, la Maison de l’Europe a animé un atelier sur les dispositifs financiers pour les comités de jumelage et notamment sur le Fonds citoyen franco-allemand à l’Hôtel Brantes à Avignon.
« Le couple franco-allemand, un couple durable ?
Présentation-débat avec Pascal Thibaut, correspondant à Berlin de Radio-France Internationale
Il y a 60 ans, le 22 janvier 1963, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer signaient le Traité de l’Élysée (traité d’amitié et de coopération) scellant la réconciliation entre la France et l’Allemagne.
Source Toute l’Europe
En collaboration avec l’association franco-allemande du Pays de Sommières (FAPS), le 26 janvier la Maison de l’Europe de Nîmes a accueilli Pascal Thibaut, correspondant de Radio France Internationale à Berlin depuis 30 ans et spécialiste des relations franco-allemandes, pour débattre de ce que l’on appelle souvent le « couple franco-allemand » et de la manière dont les relations entre nos deux pays sont perçues en Allemagne.
Ce débat faisait partie d’une série d'interventions et de rencontres de Pascal Thibaut dans notre région, notamment avec des lycéens, sur la question "Où en est le couple franco-allemand ?", à l’initiative de la FAPS. Ces évènements ont été soutenus par le Fonds citoyen franco-allemand.
Après avoir malicieusement souligné « qu’en Allemagne aussi il y avait des grèves » (grève à l’aéroport de Berlin, ce qui avait modifié son voyage), Pascal Thibaut a rappelé les grands thèmes du Traité de l’Élysée : Jeunesse et éducation – Affaires étrangères et défense – Politique (concertation, conseils des ministres communs).
Il a indiqué être « resté sur sa faim » en suivant les évènements organisés pour le 60ème anniversaire du Traité : beaucoup de discours (« Deux âmes dans une même poitrine », Emmanuel Macron), mais peu de résultats concrets. Le conseil des ministres commun s’est tenu, prévu en octobre il avait été reporté. A la réunion des Parlements des deux pays, 120 parlementaires allemands étaient présents, mais pas tous les parlementaires français.
Pour la jeunesse, l’OFAJ (Office franco-allemand pour la jeunesse) est actif et ses actions sont appréciées par les jeunes, mais la pratique de l’allemand en France et du français en Allemagne est faible : environ 4 % des jeunes, une proportion semblable dans les deux pays. Il existe une Université franco-allemande créée par accord entre les deux gouvernements en 1997, avec 160 établissements partenaires dans les deux pays et délivrance de doubles diplômes.
Pour la défense, en Allemagne les interventions extérieures et les livraisons d’armes demandent un accord du Parlement, les décisions sont donc beaucoup moins rapides qu’en France. L’Allemagne est pourtant dans les cinq premiers exportateurs mondiaux d’armement. L’Allemagne est beaucoup plus que la France tournée vers l’OTAN et les USA. A la demande insistante de de Gaulle, ni l’OTAN ni les USA n’étaient mentionnés dans le Traité de l’Élysée, mais pour le ratifier le Bundestag avait ajouté un préambule introduisant ce que de Gaulle refusait : « étroite association entre l'Europe et les États-Unis d'Amérique »,« défense commune dans le cadre de l'Alliance de l'Atlantique nord » et même « admission de la Grande-Bretagne dans la CEE », ce qui avait très fortement déplu au président français.
Pour l’Ukraine, l’Allemagne a beaucoup hésité à fournir des armes, craignant d’alimenter un conflit ouvert et attendant de voir l’évolution de l’invasion russe. Elle ne voulait surtout pas faire cavalier seul… et voulait que les USA soient le principal « autre fournisseur ».
Le chancelier Scholz a cependant créé la surprise le 27 février 2022 quand il a déclaré attribuer 100 milliards d’€ au renforcement et à la modernisation de l’armée allemande, la Bundeswehr, malgré la tradition pacifiste et la tradition d’Ostpolitik de son parti le SPD.
Politiquement le rôle de l’État est moins important en Allemagne qu’en France. L’Allemagne a en horreur des mots comme « déficit public » ou « dette publique » : une « règle d’or » impose que le déficit public annuel soit moins de 0,35 % du PIB ! Cependant l’Allemagne a finalement accepté le Plan de relance européen post-Covid, avec une dette commune ce qui était jusque-là un tabou ! Mais l’Allemagne est réticente à l’idée française de créer un Fonds souverain européen, et les pays du Nord de l’Europe partagent cette réticence, se méfiant des « pays latins dépensiers », et la France est un pays latin ...
Il y a d’autres sujets de différences entre l’Allemagne et la France : l’énergie électrique (nucléaire dominant en France, refusé en Allemagne au profit du gaz naturel pourtant émetteur de CO2… et jusqu’à 2022 majoritairement importé de Russie), les élargissement de l’UE (l’Allemagne est plus ouverte que la France), ou encore les médias allemands parlent plus de la France que les médias français parlent de l’Allemagne.
Malgré ces différences, l’Allemagne et la France trouvent souvent ensemble – en particulier dans les périodes de crises - des solutions de compromis qui peuvent ensuite être proposées aux 25 autres pays de l’UE. Cela permet à l’UE de progresser.
Globalement, depuis l’élargissement vers l’est de l’Union européenne, la France constate que le centre de gravité de l’UE s’est déplacé vers l’est et elle craint de se trouver marginalisée à l’ouest de l’UE.
L’assistance était nombreuse à la Maison de l’Europe de Nîmes.
Après cette présentation, les questions ont été nombreuses. Voici les principales :
Comment voyez-vous le « couple » Macron-Scholz ? Il y a des désaccords et des décisions prises sans concertation. Macron plaide pour une défense européenne et Scholz regarde vers les USA. Par exemple, en octobre l’Allemagne a choisi de rassembler autour d’elle 13 autres pays européens (12 membres de l’OTAN et la Finlande) pour constituer un bouclier anti-missiles européen de fourniture israélo-américaine, sans consulter la France, alors qu’existe un système franco-italien dans ce domaine. Cette idée avait été lancée par Scholz fin août à Prague dans un discours sur l’avenir de l’Europe et les réactions à l’agression russe, discours dans lequel la France était très peu évoquée. Des responsables polonais voudraient que l’Allemagne devienne le leader européen en défense… tout en lui demandant des centaines de milliards d’€ de réparations pour les dommages de la 2ème guerre mondiale. L’Allemagne ne souhaite pas être leader, elle se trouve très bien avec la protection de l’OTAN.
La place du couple franco-allemand dans les décisions en Europe ? Les pays de l’Europe centrale et orientale ont pris de l’importance et en majorité (sans la Hongrie bien sûr) ils trouvent que l’Allemagne a été trop tolérante avec la Russie de Poutine. A 27 il est plus compliqué de faire accepter des propositions franco-allemandes qu’à 6 ou même à 15 ! Un point d’accord entre Macron et Scholz : ils sont partisans de la suppression quasi-totale des décisions européennes demandant l’unanimité, trop souvent paralysante.
Comparaison entre les systèmes sociaux des deux pays ? Les profondes réformes dites Hartz (du nom de leur inspirateur) faites entre 2003 et 2005 pendant le mandat du chancelier Schröder apparaissent a posteriori comme un succès, même si elles ont été impopulaires, et établissent un équilibre qui paraît aux Allemands meilleur que les « louvoiements » de la France. Vue d’Allemagne, où en 2029 l’âge de la retraite passera à 67 ans (réforme adoptée en 2007), la réforme proposée actuellement en France apparaît comme une « mesurette » et les manifestations suscitent l’étonnement. En Allemagne le dialogue avec les syndicats est permanent, il y a peu de chômage et le taux d’activité des seniors est élevé : manquant de main-d’œuvre les employeurs gardent les seniors. Les salaires sont élevés dans l’industrie, c’est une tradition allemande. Depuis 1 an il y a eu beaucoup de mesures sociales en Allemagne : hausse des retraites, des allocations familiales et des salaires (par exemple le salaire minimum légal à 12 €/heure en brut, avec un certain nombre d’exceptions). Beaucoup d’argent (environ 500 milliards d’€) est mobilisé en Allemagne pour faire face à la crise actuelle.
Rôle des médias dans les relations franco-allemandes ? Un jeune doctorant sur cette question regrette que les journalistes correspondants en France des médias allemands ne cherchent pas plus à « expliquer la France » aux lecteurs allemands.
Entre les deux grands pôles USA et Chine, l’Europe saura-t-elle garder son autonomie ? Comment la France et l’Allemagne peuvent-elles y travailler ensemble ? C’est évidemment une question primordiale et le « couple franco-allemand » ne peut pas y travailler seul, il faut qu’il ne néglige pas les « petits » pays européens, l’époque est largement révolue où les « grandes puissances européennes » étaient au centre des alliances et des garanties de sécurité données aux « petits pays ».
Pourquoi le société civile allemande s’est-elle autant mobilisée pour les migrants à partir de 2015-2016 ? Pascal Thibaut voit deux raisons possibles : le douloureux souvenir des déplacements forcés de populations en 1945, lors des déplacements de certaines frontières, et la force des Églises en Allemagne.
Pour conclure cette soirée, Jean-Luc Bernet (Maison de l’Europe), qui a beaucoup travaillé dans les échanges de jeunes entre les deux pays, propose une phrase intéressante : « Les Français admirent les Allemands, les Allemands aiment les Français… les Allemands aimeraient que les Français les aiment plus et les Français aimeraient que les Allemands les admirent plus ».
La maison de l’Europe accueille depuis le début du mois Charlène :
« Je m’appelle Charlène Labourdette, je viens de rejoindre la Maison de l’Europe de Nîmes en tant que chargée de projets de mobilité. J’ai eu la chance de faire une Licence et un Master en études européennes et internationales, c’est pendant ces études que j’ai découvert ma passion pour la mobilité internationale. J’ai pu étudier à Chester (Royaume-Uni) et Turku (Finlande) et faire un stage à Murcia (Espagne), tout ça dans le cadre d’Erasmus+. Entre deux mobilités, je suis devenue bénévole pour l’association Erasmus Student Network à Aix-en-Provence, c’était pour moi un moyen de partager mes expériences à l’étranger pour encourager d’autres jeunes à bouger et de faire découvrir la France à des étudiants internationaux. Après mes études, j’ai travaillé pendant un an à l’Université de Bordeaux en tant que référente en mobilité internationale. Je reviens aujourd’hui d’un Programme Vacances Travail au Canada, pendant lequel j’ai pu travailler dans des domaines divers et variés et explorer les beaux paysages du Canada. Je suis très heureuse de commencer cette nouvelle aventure à la Maison de l’Europe de Nîmes où je vais pouvoir continuer à partager ma passion pour la mobilité et mettre en pratique mes connaissances sur l’Union européenne. »
Les jeunes bougent grâce à l'Europe: Suède, République Tchèque et Allemagne
L'année 2023 s’est bien installée et les projets de stage Erasmus + de la Maison de l'Europe démarrent également !
Nous commençons par un beau succès dans le recrutement des jeunes pour notre stage longue durée en Suède. 25 candidats présentés par nos partenaires du Gard et de l'Hérault ont postulé pour partir à Lund pour 4 mois.
Longue soirée d’été au bord d’un lac suédois. Voilà les paysages que les jeunes stagiaires auront l’occasion de découvrir.
Le choix n'a pas été facile, mais nous avons finalement sélectionné 4 jeunes qui viennent de la Mission Locale Nîmes Métropole, de l’Ecole de Deuxième Chance Nîmes, de la ML Montpellier et la ML Petite Camargue héraultaise. Ils ont choisi comme domaines de stage l'éducation, la vente, la communication et le graphisme.
Nous avons commencé la formation au départ, durant laquelle les participants apprennent à connaître l'Europe, réfléchissent sur leurs compétences dans le cadre de leur stage, à la façon dont ils peuvent les développer et en acquérir de nouvelles. Nous leur faisons une formation sur l’interculturalité, sur la gestion des conflits éventuels et nous les aidons à « réveiller » leur anglais, afin de pouvoir communiquer plus facilement en Suède. Le départ est prévu le 18 mars et après 4 mois de stage dans des entreprises suédoises, les jeunes rentreront en France début juillet. Ils se retrouveront pour une réunion de bilan le 11 juillet.
Mais la Suède n'est pas le seul pays avec lequel nous travaillerons dans les prochains mois. La Maison de l'Europe a commencé le processus de sélection pour notre projet de stage de 6 semaines à Berlin, 8 personnes seront sélectionnées parmi les jeunes inscrits à la ML Petite Camargue et à la ML Nîmes Métropole.
De même, le processus de sélection va bientôt commencer pour un autre projet de stage de 4 semaines à Prague, où partiront 12 jeunes des ML d'Alès Pays Cévennes, de Lozère et du Gard Rhodanien Uzège. Le départ pour Berlin est prévu à la fin du mois d’avril, et pour Prague, au début du mois de mai.
Le début de l'année est riche en préparatifs et en formations car les départs approchent. Ces 3 projets de stage Erasmus+ en Suède, République tchèque et Allemagne sont entièrement financés par l’Agence nationale Erasmus+ et la Région Occitanie.
My Soft City, 5ème et avant-dernière rencontre
Le projet de partenariat stratégique Erasmus+ « My Soft City » mené par la Maison de l’Europe continue son déroulement et doucement mais surement s’approche à sa fin prévue en août 2023.
Du 6 au 10 février 2023, s’est déroulée la 5ème et dernière formation pour les travailleurs de jeunesse à Funchal sur l’ile de Madère. Nos partenaires venant de France, Suède, Portugal et Roumanie se sont retrouvés pour apprendre de nouvelles méthodes d’éducation non-formelle en matière d’entreprenariat social et culturel.
Pour la Maison de l’Europe, 4 personnes ont participé à cette formation : la cheffe de projet Education de l’association nîmoise Face Gard, la chargée de projet culture et jeunesse de l’association lozérienne Epi de Mains, le bénévole de l’association Les Potagers d’Uzès et la chargée de projet mobilité professionnelle de la Maison de l’Europe de Nîmes.
La formation a été très enrichissante et inspirante. Nous avons discuté des besoins de nos communautés et des valeurs sociales et culturelles sur lesquelles les entreprises locales peuvent et même doivent s’engager. Nous avons développé des modèles d’entreprises sociales et solidaires et, par le biais d’activités d’éducation non-formelle, nous avons ainsi pu expérimenter les difficultés que représentent la prise de risque et la gestion d’un budget dans le développement des projets d’entreprenariat.
Formation sur l'entreprenariat social et culturel
Nous avons eu l’occasion de visiter l’organisme public Start Up Madeira et nous avons discuté de leur fameux projet Digital Nomad Village Madeira Islands.
Lors d’un atelier avec un artiste local, nous avons travaillé sur notre créativité en utilisant des produits naturels provenant de l’ile pour faire de l’art. Un autre intervenant nous a présenté Google Workshop for Nonprofits. Quelle semaine d’apprentissage variée et complète !
Après cette formation intense et riche en rencontres et en échanges avec les partenaires du Soft City, nous sommes rentrés en France inspirés et motivés pour transmettre au jeune public les outils et les idées que nous avons acquis.
Le groupe des formateurs et des participants des 4 pays impliqués dans le projet (France, Suède, Portugal et Roumanie)
Un atelier avec les lycéens est déjà prévu le 7 avril chez notre partenaire nîmois, le Lycée de la CCI. Nous démontrerons à nos jeunes que la proactivité et l’entreprenariat des jeunes peut être un moyen efficace de faire face aux défis de la société et de répondre aux besoins de nos communautés.
Rendez-vous à Nîmes en août pour l’aboutissement de ce projet de 4 ans et la présentation des outils réalisés !
Le Moulin de Sauret à Montpellier a pu diversifier sa production grâce aux aides européennes.
La société « Le Moulin de Sauret » est une meunerie indépendante basée à Montpellier, sur les bords du Lez, qui propose une gamme de plus de 80 farines essentiellement auprès de boulangeries artisanales (220 boulangeries, 60 % du CA) et boulangeries industrielles (27%) et produit 8000 tonnes de farine par an.
« Depuis plus de 50 ans, nous développons avec passion et engagement le Moulin de Sauret, entreprise familiale indépendante. La meunerie est dans les veines de notre famille : depuis 7 générations, nous sommes meuniers de père en fils. »
C’est en 1967 que Henri Passaga reprend et réhabilite le Moulin de Sauret, datant du XIIe siècle. Ses trois enfants grandissent dans le moulin, imprégnés de l’odeur de farine qui y règne… En 1992, alors ingénieur, Jean-Pierre Passaga vient rejoindre son père pour travailler au moulin. Il en assure aujourd’hui la direction.
Jean-Pierre Passaga dirige le moulin de Sauret
En 2021, c’est le petit-fils, Hugo Passaga, qui intègre le moulin. C’est donc une aventure familiale qui se poursuit et qui grandit avec le moulin.
Toujours à la recherche de qualité et de nouvelles saveurs, le moulin ne cesse d’innover et de se développer. Souhaitant modifier le processus de fabrication pour augmenter les capacités de production et produire une farine innovante, la société veut développer une nouvelle unité de mouture. Elle pourra valoriser des farines locales et répondre ainsi à la demande des consommateurs qui recherchent des produits de proximité et de qualité.
Le projet représente un coût total de 774 000 € dont 146 000 € ont été apportés par le FEADER
« Grace aux Fonds européens, nous avons pu adapter notre outil de fabrication pour produire des farines biologiques et utiliser des blés locaux » déclare Jean Pierre Passaga.
L’Europe et les jeunes : un nouveau programme de soutien va voir le jour: l’initiative ALMA.
Ce n’est pas d’hier que les institutions européennes se préoccupent des jeunes, de leur emploi, de leur formation, de leur accès à la culture et à la mobilité. On n’en finirait pas de citer tous les programmes, toutes les initiatives, tous les dispositifs qui ont vu le jour depuis 60 ans, mais plus particulièrement depuis la fin des années 80. Le plus connu et le plus important est bien sûr ERASMUS. Mais on sait bien qu’il faut toujours affiner et affirmer les réponses à apporter aux problèmes des jeunes, et tout particulièrement des jeunes en difficulté pour une raison quelconque.
C’est pourquoi une nouvelle initiative va voir le jour dès les prochaines semaines. Nous en entendrons parler, du moins il faut l’espérer -car on ne peut que déplorer de voir les grands médias, et notamment la télévision, négliger ce genre d’annonce au profit d’autres, beaucoup plus spectaculaires, comme le scandale qui a éclaté récemment au Parlement européen. Scandale inacceptable, certes, mais limité à quelques personnes corrompues et aussitôt démasquées.
Cette initiative s’appelle ALMA, un sigle une fois de plus anglicisé -hélas- qui signifie Orientation, Apprentissage, Maîtrise, Réussite. Cette initiative sera mise en œuvre par le Fonds social européen et s’adresse prioritairement aux jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en formation, donc les plus en difficulté. Il s’agit de leur créer un droit à bénéficier d’une période de 2 à 6 mois dans un autre pays européen, avec prise en charge complète des frais, et surtout un accompagnement renforcé avant, pendant, et après cette expérience.
Une fois de plus, c’est de formation, et donc d’un débouché sur l’emploi qu’il s’agit avant tout, mais la pratique montre systématiquement qu’une expérience de mobilité développe de multiples autres compétences qu’on appelle à juste titre sociales : la capacité à s’adapter à un environnement nouveau, à s’insérer dans un milieu professionnel, à découvrir un autre pays, à vivre une expérience interculturelle et bien sûr, dernière mais non la moindre de ces découvertes : celle d’une ou de plusieurs autres langues. Tant il est vrai que le plurilinguisme est aussi à la fois une richesse de l’Europe, et un objectif toujours à poursuivre.
Tremblement de terre en Asie Mineure : que fait l’UE ?
Face à cette épreuve, la solidarité européenne mobilise et coordonne l’aide de plus de 20 pays et envoie plus de 1500 secouristes en Turquie et en Syrie par l’intermédiaire du Mécanisme européen de protection civile.
Source : Commission européenne
Le 6 février, un tremblement de terre d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter a frappé la Turquie et la Syrie. Il est le plus important observé dans la région depuis 1939 et il a été suivi de plusieurs répliques de forte intensité.
Comme toujours dans ces cas-là c’est une course contre la montre pour sauver le maximum de vies humaines. D’autant plus que la pluie et la neige ainsi que la baisse des températures rendent la situation encore plus précaire pour les rescapés.
Dès le lendemain ces deux pays ont fait appel à l’aide internationale et ont demandé l’activation du Mécanisme européen de protection civile.
Suite à cette demande, l'Union européenne fournit une aide d'urgence aux deux pays et une aide humanitaire d'urgence d'un montant de 6,5 millions d'euros. Il s'agit là de l'une des plus importantes opérations de recherche et de sauvetage jamais entreprises par l'UE par l'intermédiaire de son Mécanisme de protection civile.
Les dirigeants européens ont par ailleurs indiqué que le système satellitaire Copernicus de l’UE avait également été activé pour fournir des services de cartographie d’urgence.
En Turquie, le soutien de l'UE englobe :
Une aide initiale de 3 millions d'euros d'aide d'urgence permettant d'intensifier les efforts déployés dans le pays.
Le déploiement de 31 équipes de recherche et de sauvetage et de 5 équipes médicales offertes par 20 États membres de l'UE, ainsi que par l'Albanie, le Monténégro et la Serbie par l'intermédiaire du Mécanisme de protection civile de l'Union. Ces équipes sont composées au total de plus de 1 500 secouristes et d'une centaine de chiens pisteurs.
L'Allemagne, la Lituanie et la Slovénie ont offert des couvertures, des tentes et des dispositifs de chauffage.
En Syrie :
Au matin du 8 février, les autorités syriennes ont demandé l'activation du Mécanisme de protection civile de l'Union. Cette demande porte notamment sur des équipes de recherche et de sauvetage, sur des abris et sur des médicaments.
La Commission annonce l'octroi d'une enveloppe de 3,5 millions d'euros d'aide humanitaire d'urgence destinée, d'une part, à aider les personnes dans le besoin à avoir accès à un abri, à de l'eau, à des services d'assainissement et de soins de santé, ainsi qu'à divers produits qui leur font actuellement défaut, et, d'autre part, à soutenir les opérations de recherche et de sauvetage.
Le Centre de coordination de la réaction d'urgence de l'UE est en contact avec les États membres de l'UE et les Nations unies pour envoyer sur-le-champ toute l'aide possible aux personnes les plus démunies en Syrie.
On sait qu’une partie du séisme a frappé une zone qui est toujours en rébellion contre Bachar el Assad et échappe au contrôle du gouvernement syrien. La tâche des sauveteurs va se trouver encore compliquée pour arriver à acheminer l’aide jusqu’aux victimes.
Le mécanisme de protection civile, de quoi s’agit-il ?
Exercice de la protection civile européenne en Autriche. Source : Commission européenne
Grâce à ce mécanisme, la Commission européenne joue un rôle essentiel dans la coordination de la réaction aux catastrophes en Europe et au-delà, et prend en charge au moins 75 % des coûts liés au transport et/ou aux opérations de déploiement.
En mettant en commun les capacités et les compétences de protection civile, ce mécanisme permet une réponse collective plus forte et plus cohérente. Outre les États-membres de l’UE, sept États (Islande, Norvège, Serbie, Macédoine du Nord, Monténégro, Turquie et Royaume-Uni) participent actuellement au mécanisme. Depuis sa création en 2001, le mécanisme de protection civile de l’UE a répondu à plus de 330 demandes d’aide à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union européenne.
Le Centre de coordination de la réaction d’urgence (ERCC) en est la plateforme logistique. Il coordonne l’acheminement de l’aide aux pays frappés par une catastrophe, tels que les articles de première nécessité, l’expertise, les équipes de protection civile et le matériel spécialisé.
Organigramme présentant le fonctionnement du centre de coordination de la réaction d’urgence
L’entraide et la solidarité font partie des valeurs de l’Europe et montrent leur efficacité lorsqu’arrivent les épreuves.
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