Lettre Europe Mars
Tribune: Exit le Frexit ?
Une évolution est passée relativement inaperçue ces derniers mois : la plupart des partis europhobes européens ont abandonné l'idée que leur pays quitte l'UE. Il faut avouer que le spectacle pitoyable du Brexit ne rend pas très attractifs les Frexit, Nedxit, Deutschxit, etc... Il en est de même pour l'abandon de l'euro et un retour à une monnaie nationale. La perspective de se retrouver avec une monnaie destinée à être dévaluée pour rétablir une prétendue compétitivité (temporaire) n'enchante guère les électeurs.
Pour les europhobes, il s'agit maintenant de revenir à une « Europe des nations », comme si les nations n'avaient plus leur mot à dire dans l'Union d'aujourd'hui alors que les principales décisions sont prises par le Conseil européen, instance qui regroupe les chefs d'Etat ou de gouvernement des pays membres!
Mais ne nous y trompons pas! L'intention est toujours de bloquer l'Union de l'intérieur en espérant obtenir une minorité de blocage au Parlement européen. Donald Trump, Vladimir Poutine, Xi Jinping n'attendent que cela, une Union européenne impuissante, incapable de résister aux pressions commerciales, baissant la garde sur son flanc est, livrant le contrôle de ses joyaux industriels.
Il reste à espérer que les divisions des partis europhobes les empêchent de coordonner leurs efforts de délitement car on peut bien sûr souhaiter infléchir ou changer les politiques menées par l'Union, mais ce serait une faute historique de détruire une réalisation qui a fait disparaître la perspective d'un affrontement entre les pays européens qui la constituent.
Frédéric BOURQUIN, président de la Maison de l’Europe de Nîmes
Débat organisé à Nîmes mardi 5 mars 2019 par le Mouvement Européen France - Gard,
46-48 rue de la République à Nîmes
Deux thèmes, dans lesquels la dimension européenne est importante:
1 - Transition écologique
2 - Démocratie et citoyenneté
Ce débat a réuni 45 personnes, de 18h à 20h. Ci-dessous une synthèse des échanges.
1er thème - Transition écologique
Carburants :
- Généralisation des voitures électriques: Pas si écologique que ça (difficultés de recyclage des batteries, utilisation de terres rares extraites dans des conditions polluantes, par quoi remplacer les 34 Mds €/an apportés aux finances publiques par la taxe sur les carburants?) et gros problèmes d'emploi pour l'industrie automobile: on ne reconvertit pas une industrie importante d'un claquement de doigts. Une directive sur les véhicules électriques aurait été adoptée récemment pour encourager l'adoption des véhicules électriques (Nota a posteriori: il semble qu'il s'agisse d'une directive votée au Parlement européen le 17 avril 2018 sur l'obligation de pré-câblage dans les parkings des constructions nouvelles, pour faciliter l'installation ultérieure de bornes de recharge).
- Non taxation du kérosène des avions. Proposition de le taxer en Europe. Un participant: attention aux conséquences d'une taxation qui ne soit pas mondiale, actuellement il arrive souvent que des avions prennent au départ plus de kérosène que leur besoin pour un trajet si le prix au point d'arrivée est nettement supérieur à celui au point de départ, ils font ainsi du "transport aérien de carburant", avec une surconsommation inutile et polluante (sur un long vol: 200 kg de surconsommation par tonne transportée).
- Pollution par les navires y compris quand ils sont au port. Imposer aux navires de passer progressivement à des carburants plus propres que le fioul lourd (par exemple le gaz) et de se brancher au port sur des bornes d'alimentation en électricité ou en gaz pour les besoins internes du navire (au lieu que les moteurs tournent au fioul lourd pour cela), cela suppose que les ports soient équipés (exemples: Barcelone pour le gaz, Toulon pour l'électricité), il faut les aider à s'équiper.
Mobilités
Développer les transports collectifs (les prix doivent être incitatifs, y compris la gratuité éventuelle), de véritables pistes cyclables, l'intermodalité, le ferroutage (avec une attention particulière à l'acceptation sociale par la profession du transport routier), le transport fluvial des marchandises lourdes et pas urgentes.
Déchets
Education et incitation (y compris financière) à la réduction des déchets.
Développer la valorisation énergétique finale des déchets (l'incinération avec production d'électricité et/ou de chaleur est-elle considérée comme renouvelable? apparemment au moins partiellement, de 50 à 60 %), malgré la réticence des Français à parler des déchets et à accepter des solutions (exemple des difficultés pour trouver où incinérer les farines animales au moment de la maladie de la vache folle), solutions qui doivent être aussi locales que possible (pour éviter des transports de déchets à longue distance, source de pollution).
Le responsable du syndicat Sud Gard de traitement des ordures ménagères, participant au débat, a proposé d'organiser une visite du centre de tri, comme il le fait pour des scolaires: cela permet de prendre conscience des volumes de déchets que nous produisons et de leur diversité: ne pas négliger la responsabilité individuelle, par exemple cesser d'acheter de l'eau en bouteilles alors que l'eau du robinet est parfaitement saine.
Production d’électricité
- Centrales nucléaires. Est-on allé au bout de la recherche pour rendre les déchets nucléaires ultimes inoffensifs? Le nucléaire reste pour certains un "danger majeur final" (sans réparation possible après une catastrophe).
- Problème du stockage de l’électricité. Aujourd’hui seule l’hydraulique permet de stocker de gros volumes: il faut développer la recherche dans le domaine du stockage d'électricité.
- Energie solaire photovoltaïque: Inciter (ou obliger) les promoteurs et constructeurs à mettre des panneaux photovoltaïques (ou pour l'eau chaude) sur les toits. La question de l'intermittence n'est pas résolue: pas de moyens de stocker de gros volumes d'électricité sauf par l'hydraulique; les panneaux sont importés (pour la plupart de Chine), leur fabrication est polluante et demande des terres rares, il y a des doutes sur les possibilités de recyclage des panneaux.
Agriculture
Développer le bio et la méthanisation des résidus, mais pour cette dernière il faut prendre des mesures pour surmonter les oppositions des voisins non-agriculteurs, qui craignent des nuisances. On ne peut pas ne aps évoquer la question du glyphosate.
Economies d’énergie
Aides importantes (voire totales pour les plus bas revenus) aux travaux d’isolation des logements. Recherche, normes adaptées et réalistes et éducation dès l'école sur les méthodes de réduction de la consommation d’énergie.
Chauffage
Le chauffage au bois (énergie renouvelable si le bois vient de forêts exploitées par des méthodes durables) est-il vraiment nocif pour la santé? Y a-t-il des études épidémiologiques?
Conduite politique de la transition écologique
Ne pas compter dans le déficit public, pour le respect de la limite européenne des 3 % du PIB, les investissements et la recherche pour l’environnement.
Se grouper à plusieurs pays européens pour les achats de matières premières énergétiques, pour peser sur les fournisseurs (par exemple Gazprom pour le gaz).
Faire un « Airbus » européen de l’énergie.
Faire un plan de transition écologique dont les gouvernements successifs garantissent la continuité de mise en oeuvre.
Problème des subventions du "low cost" aérien: les collectivités territoriales versent des subventions à ces compagnies pour qu'elles utilisent les aéroports secondaires, cela est une entrave à la concurrence libre et non faussée à la fois entre moyens de transport (l'aérien est beaucoup plus polluant que le rail) et entre compagnies aériennes.
Politique industrielle de l’Europe
Il faut revoir les règles européennes de la concurrence: le refus de la fusion Alstom/Siemens dans le ferroviaire a-t-il bien pris en compte l'évolution prévisible de la concurrence sur un plan mondial?
Préférence européenne: il faut la privilégier comme le font sans états d'âme les USA et la Chine.
Ces deux conditions semblent nécessaires pour que se constituent des "champions industriels européens".
2ème thème Citoyenneté / démocratie
Modalités de vote.
Vote obligatoire ou pas (c'est le cas dans plusieurs Etats européens: Belgique, Luxembourg, Grèce, Danemark, Chypre, Land autrichien du Vorarlberg)? Une majorité de participants est favorable au vote obligatoire.
Scrutin proportionnel (comme pour l'élection des députés européens), qui garantit une représentation de toutes les opinions présentées aux suffrages? Avis plus partagés, le risque d'absence de majorités nettes est mis en avant par certains.
Vote à un ou deux tours? Le vote majoritaire à deux tours biaise la représentation des opinions, par les alliances impératives entre les deux tours... et si les citoyens estiment que les élus ne les représentent pas ils manifestent dans la rue!
Le système allemand de double vote pour les législatives (un vote nominal pour élire le député local, un vote proportionnel de liste nationale pour élire une partie des députés) est jugé intéressant par de nombreux participants.
"Reconnaissance" du vote blanc? Accord général pour le distinguer des abstentions, mais comment le prendre en compte et l’utiliser: échanges sur le niveau de votes blancs au-dessus duquel il faut revoter, opinion générale que ce niveau doit être élevé (50 %? 33 %?...).
Citoyenneté française / européenne
Avoir un passeport similaire à celui des autres Etats membres de l'UE et l'euro comme monnaie ne suffit pas pour que tout le monde se sente citoyen européen.
Proposition d'un service civique obligatoire, avec un très gros intérêt pour qu'il se fasse systématiquement en mobilité dans d'autres Etats de l’Union européenne.
Apprendre une langue étrangère en maternelle et une deuxième à l'école primaire. Favoriser les films en VO pour familiariser avec des langues étrangères.
L’Education nationale ne donne pas le sentiment d’appartenance à l’Europe et n’incite pas à la mobilité: seuls partent ceux qui ont connaissance des possibilités par d'autres canaux et qui ont la volonté personnelle de partir.
Les futurs élus doivent avoir un casier judiciaire vierge: exemplarité pour les citoyens.
Etre citoyen c’est s’investir dans des associations, avoir des comportements responsables: investissement pas toujours reconnu par les élus.
Il faut mettre fin à la surtransposition en France des normes européennes: cela crée des inégalités entre Européens (distorsion de concurrence) et un sentiment négatif vis-à-vis de l’Union européenne et de ses institutions.
Deux citations de paroles de participants:
"L’Europe doit proposer aux peuples du rêve réalisable, avec 2 ou 3 grands objectifs et un suivi dans le temps de la progression vers leur réalisation."
(Un lycéen): "Il faut d'abord se sentir fier d’être français pour être fier d’être européen. L'Europe doit passer d’une union économique forte à une union sociale et politique forte".
" L'Autriche et son action pendant son semestre de présidence du Conseil de l'Union européenne (2ème semestre 2018)" avec S. E. Michael LINHART, Ambassadeur d'Autriche en France
L'ambassade d'Autriche avait depuis longtemps répondu positivement à l'invitation du Mouvement européen Gard, qui tous les 6 mois organise une soirée consacrée au pays qui termine sa présidence du Conseil de l'UE (conseils des ministres européens, par domaines de compétences).
Aucune date n'avait pu être trouvée pour décembre 2018, malis début 2019 le 28 février a été fixé, avec l'avantage que le bilan du semestre est ainsi mieux établi et qu'il y a plus de liberté pour trouver une date, sans la pression et les risques d'annulation pour réunions politiques de la fin de semestre.
Arrivé le 27 au soir, l'ambassadeur Michael LINHART a consacré toute la journée du 28 à sa visite à Nîmes, à la fois studieuse et touristique:
- dès 8h30, rencontre avec le président de la CCI du Gard et l'élue chargée du tourisme, à la CCI
- à 10h, visite des Arènes et aperçu sur la partie ancienne de la ville
- à 11h30, rencontre avec le maire de Nîmes à l'hôtel de ville
- visite du musée de la Romanité
- à 17h rencontre avec le Mouvement européen et l'équipe de la Maison de l'Europe, au local de la Maison de l'Europe, puis à 18h présentation et débat, devant 40 personnes environ. L'ambassadeur a quitté Nîmes en train un peu après 20h.
Au cours de la rencontre avec la CCI, l'ambassadeur a exposé certains caractéristiques de l'Autriche:
- un pays "petit/ moyen" (9 millions d'habitants, 84 000 km2), prospère (n° 3 européen en PIB par habitant), où l'industrie est très présente (machines, chimie, pharmacie...), avec des pépites de renommée mondiale (skis Atomic, transports par câble Doppelmayr, cristaux Swarovski, et de façon plus surprenante: boisson Red Bull, équipement d'embouteillage de Coca-Cola, tondeuses de talus autoroutiers)
- l'importance du partenariat social, avec très peu de mouvements sociaux dans les entreprises. Les CCI (une CCI pour chacune des 9 régions) interviennent dans les négociations sociales, contrairement à ce qui se passe en France
- un pays en pointe pour l'agriculture bio (25 % des terres cultivées sont en bio) et pour les énergies renouvelables
- une organisation globale du tourisme très performante (transports, loisirs, cours de sport, etc), adaptée à l'évolution des attentes des clients tant pour l'été que pour l'hiver (le temps consacré au ski dans la journée est maintenant de 3 ou 4h au lieu de 5/6h il y a 20 ans)
- un commerce avec la France (3ème partenaire commercial de l'Autriche) très positif pour l'Autriche: 6 Mds € exportés et 4 Mds importés par l'Autriche.
La CCI Gard est intéressée par des échanges d'expériences dans trois domaines:
- les énergies renouvelables (le contrat de transition écologique pour le reconversion en Clean Tech Vallée de la zone d'Aramon après fermeture de la centrale EDF au fioul a été signé le 31 janvier 2019)
- l'organisation globale du tourisme, y compris la commercialisation
- l'organisation de l'ensemble de la chaîne de valeur pour l'agriculture biologique.
A l'hôtel de ville le maire de Nîmes a mis en avant les richesses touristiques de Nîmes et sa région et les perspectives de classement au patrimoine mondial pour la Maison carrée (l'ambassadeur d'Autriche en France est également Délégué permanent de l'Autriche auprès de l'UNESCO)
Au local de la Maison de l'Europe la rencontre s'est d'abord faite autour de quelques gâteaux autrichiens préparés avec amour et talent par Colette Mayerl, que l'ambassadeur a félicitée. Tobias, jeune autrichien en Service volontaire européen, a pu dialoguer avec l'ambassadeur.
Ensuite le public a été invité à participer par petites équipes, avec chacune un smartphone, à un jeu de questions sur l'Autriche. L'équipe "Alès" l'a emporté de peu!
Présentation de l'ambassadeur
L'Autriche est très internationalisée: elle a sur son sol 1,4 million d'étrangers et s'est longtemps (jusqu'en 1989) située à l'est de l'Europe occidentale: en distance Vienne est beaucoup plus prés de l'Ukraine que de Paris, Prague est plus à l'ouest que Vienne. Elle est limitrophe de pays qui ont subi des crises importantes et souvent tragiques: Hongrie 1956, Tchécoslovaquie 1968, ex-Yougoslavie 1991-95 (elle a accueilli beaucoup de réfugiés).
Elle est maintenant redevenue un carrefour central pour l'Europe. Elle ne fait pas partie de l'OTAN: sa neutralité a été exigée par l'URSS pour qu'elle soit libérée de l'occupation par les alliés, en 1955.
La population est très attachée à son appartenance à l'UE et le pays a participé aux consultations citoyennes sur l'Europe en 2018. les sondages indiquent: 73 % d'opposition à un éventuel "Östxit" (Österreich exit, sortie de l'Autriche de l'UE), 12% pour... mais une majorité se dit insatisfaite de l'UE. L'ambassadeur en conclut qu'il faut accroître la subsidiarité (décider à l'échelon le plus efficace, ne pas toujours remonter à Bruxelles) pour accroître la confiance de la population dans l'UE et ses institutions.
L'Autriche a présidé le Conseil de l'UE dans un contexte lourd:
- la préparation du Brexit "sur lequel il n'y a plus rien à dire, après le travail remarquable fait par Michel Barnier"
- nombreuses crises au voisinage de l'UE: Ukraine, Transnistrie, Syrie, avec des ambitions nouvelles de certains Etats (Arabie saoudite, Iran, Turquie)
- rivalités économiques USA-Europe, USA-Chine.
Sur le plan strictement européen le contexte n'était pas simple non plus, avec la préparation du prochain cadre financier pluriannuel (2021-2027), sur lequel il y a eu des progrès. Sous le titre général "L'Europe qui protège" les objectifs de la présidence autrichienne étaient: la sécurité et la migration, le maintien de la prospérité et de la compétitivité par la numérisation, la stabilité dans le voisinage - notamment le rapprochement de l’Europe du sud-est (Balkans occidentaux) avec l’UE.
La sécurité repose sur la coopération judiciaire et policière entre les Etats de l'UE, notamment pour lutter contre le terrorisme et contre les migrations illégales; il faut une solution européenne pour les migrations (en 2015 l'Autriche a reçu 90 000 demandes d'asile, ce nombre a fortement diminué: 25 000 en 2017); il y a eu des progrès dans les décisions mais certaines restent à concrétiser. Le renforcement de Frontex est un élément positif.
Compétitivité: l'accent a été mis sur la lutte contre la fraude.
Stabilité régionale: pour l'ambassadeur il faut absolument donner aux pays des Balkans une perspective vers l'UE pour résoudre leurs conflits. En Bosnie-et-Herzégovine seule cette perspective empêche l'éclatement du pays: ce n'est pas pour rien que le ministre russe des affaires étrangères est allé en visite officielle en Bosnie-et-Herzégovine et en Republika Srpska (République serbe de Bosnie)! L'accord avec la Grèce sur le nom de Macédoine du Nord est un élément très positif.
Pour le Brexit le succès est l'unité des 27 qui ne s'est pas fissurée.
De même pour l'environnement: en plus de l'interdiction programmée d'objets jetables en plastique, l'UE a eu une position unifiée à la COP24 à Katowice en décembre 2018.
L'ambassadeur conclut que "L'Union européenne est un projet en progression continue, même s'il existe des tensions entre Nord et Sud et entre Est et Ouest. Il faut plus d'Europe plus unie et plus compétitive".
Dans ses réponses à de nombreuses questions il a exposé que:
- la Moldavie (y compris la Transnistrie) est dans les pays prioritaires pour les aides européennes; Il faut que la Moldavie soit soutenue pour pouvoir vivre en bon voisinage avec l'UE et avec la Russie
- la coalition gouvernementale actuelle (qui inclut un parti d'extrême droite) est européenne dans son accord de coalition et son programme de gouvernement. L'accord de coalition est respecté, des réformes importantes ont été adoptées, la population soutient le gouvernement. Contrairement à ce qui s'était passé en 2000 il n'y a pas eu de sanctions de l'UE contre la participation de l'extrême droite: peut-être parce que la Commission et les autres pays ont « appris » qu'il pouvait être difficile de sortir d'une situation de sanctions, et parce que la coalition actuelle n’est pas une menace pour le projet européen ni pour l’euro: "même notre extrême droite est européenne"
- pour juger de la pertinence d'éventuelles entrées dans l'UE de pays des Balkans, il faut bien être conscient que si l'UE ne leur ouvre pas la porte ces pays se tourneront vers d'autres puissances protectrices, pas forcément amicales vis-à-vis de l'UE. Où en serions-nous d'ailleurs si la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie, la Slovaquie et la Tchéquie n'étaient pas dans l'UE?
- l'immigration permet à l'Autriche d'avoir une démographie positive. L'Autriche est contre les passeurs, pas contre l'immigration légale.
- il n'y a en Autriche aucune "nostalgie de l'empire austro-hongrois d'avant 1919", la population ne pense plus du tout dans cette dimension et les relations avec les pays voisins qui faisaient partie de l'empire sont excellentes. Constituer la nation autrichienne dans ses nouvelles limites après 1919 n'a pas été facile: au lendemain de l'armistice de novembre 1918 c'est d'abord sous le nom Deutschösterreich (République austro-allemande) que la République a été créée.
- concernant l'idée de conditionner les aides européennes au respect des valeurs de l'UE (il s'agit de la Hongrie et de la Pologne) il faut bien se rendre compte qu'après des décennies de soumission à l’Union soviétique, ces pays manifestent une affirmation de leur "fierté" en rechignant à l’idée d’être désormais "sous la coupe de Bruxelles", qu'ils peuvent percevoir comme une "puissance étrangère" dirigée essentiellement par l'Allemagne et la France[1]. Il ne faut pas les écarter de l'UE par des sanctions. Il faut plus d'Europe pour les grandes questions comme la sécurité (ces pays sont d'ailleurs très attachés à l'OTAN) et en même temps plus de subsidiarité, pour respecter les souhaits d'autonomie de décision des Etats membres.
- en tant que "petit" Etat membre de l'UE, l'Autriche tient absolument à garder le vote à l'unanimité des Etats membres pour les domaines où elle est nécessaire pour une décision européenne (par exemple une taxation sur le chiffre d'affaires des géants du numérique)
"Il s'est avéré que la plupart des choses qui m'avaient fait douter, sont en fait positives": Tobias, volontaire d'Autriche
Au début du mois de septembre, il semblait que tout s'oppose à ce que fasse une période en SVE en France. Bien que j'ai été accepté pour le projet et que l’on m’ait dit que je devrais venir le plus tôt possible, je ne pouvais pas imaginer que je pouvais aider des étudiants en anglais, que j’allais travailler avec de nombreuses personnes plus âgées que moi et que j’allais parler français (la matière scolaire de mes cauchemars) dans ma vie quotidienne. Et pourtant, j'ai laissé tout derrière moi et je suis à Nîmes depuis plus de 5 mois maintenant et je ne regrette pas d'être ici. Je réalise que j'ai pris la bonne décision, et pas seulement en raison des repas délicieux et du beau temps. Après les deux premières semaines, tous mes doutes ont disparu. Il s'est avéré que la plupart des choses qui m'avaient fait douter, sont en fait positives. J'ai remarqué que même si j'étais moi-même étudiant il n’y a pas longtemps, je peux aider dans les cours et j'ai appris à me présenter et à parler devant une classe. Je me suis aussi rendu compte qu’avoir des collègues et amis plus âgés est une chose très enrichissante et que tu peux aussi bien t'amuser avec eux. En plus, j'ai fait plus de progrès en français ces quatre derniers mois qu'en quatre ans à l'école. J'ai commencé à penser dans d’autres langues et en même temps, j'ai appris beaucoup sur ma propre langue maternelle. Comme j'ai seulement 18 ans, c’est aussi quelque chose de complètement nouveau pour moi de vivre seul, si loin de papa et maman, de prendre soin de moi, de cuisiner, de faire ma lessive et les courses. Même le travail quotidien est une toute nouvelle expérience. Mais en plus de toutes ces nouvelles choses, la meilleure part du projet consiste à mon avis à rencontrer beaucoup de personnes intéressantes du monde entier et à partager, échanger avec eux.
My EVS in Nîmes: Laura, volunteer from Spain
Last September I started my adventure in Nîmes, city that will be my home until August. I choose France and specifically this project because I wanted to improve my French and take part in a project related to education, allowing me to grow up personally but also professionally. I am doing my volunteering in a professional school, where all students are doing a dual vocational training, a type/kind of training I did not know before I arrived here. There, mostly, I help the Spanish and English teachers in teaching these two languages but also I have been involved in different projects. I could not be more thankful with the teachers and the people in the coordinating organization, who were really welcoming, have always been really helpful and gave me autonomy and freedom to come up with new ideas.
Life here goes so fast, more than usual, because days are always different from each other. A part from working in the school, I had the opportunity to work for “Maison de l’Europe” in different projects that make the routine just a memory. Moreover, during these months, I also had the opportunity to discover the South of France, meet lovely people from around the world, try French gastronomy and start accomplishing one of my aims for this year, learning French. I will continue enjoying this adventure, à bientôt!
Erasmus+: Echange de jeunes de Vauvert
Pendant plus d'un an une dizaine de jeunes vauverdois ont travaillé pour se préparer à un échange international, en groupe, dans le cadre du programme européen ERASMUS +. Cet échange, réalisé début janvier 2019, résulte d'un projet déposé (et obtenu) par une association espagnole, Proyecto Kieu de Numancia de la Sagra / Yuncos, avec laquelle un partenariat a été établi. Il a été préparé et guidé par le le Service Jeunesse de la ville de Vauvert et l'association Solidarité Jeunesse - Réseau d'Entraide Volontaire, qui est implantée à Beauvoisin, tout près de Vauvert, et était déjà liée à l'association espagnole de Yuncos.
Au cours de différentes actions pendant l'année de préparation, les jeunes ont pu rencontrer des volontaires internationaux venant de Russie lors de chantiers locaux (peinture des city-stades) ou au Village des Jeunes dans les Alpes (travail de bûcheronnage, notamment ) et s'investir dans des actions de solidarité à Vauvert lors de la collecte de la Banque Alimentaire (entre autres) ou durant d'autres temps d'échange et de citoyenneté.
S'investir, sortir de sa zone de confort, être généreux et vouloir découvrir cet « ailleurs » sont les maîtres mots de l'échange lui-même, qui a concrétisé l'année de prépaation. Après avoir identifié (et surmonté!!) les inquiétudes et les freins au départ, les jeunes ont ainsi pu profiter pleinement de la rencontre avec d'autres jeunes, âgés comme eux de 14 à 17 ans.
Départ (enfin!) le 2 janvier pour une grosse semaine dans la petite ville de Yuncos, entre Madrid et Tolède. C'est la rencontre avec des jeunes inconnus jusqu'alors, source de curiosité et d'idées préconçues. L'accueil est magique, et les jeunes espagnols sont aussi sympathiques que leurs homologues français... C'est aussi la découverte de familles chez lesquelles chaque jeune sera hébergé, et même dorloté.
Comment communiquer, se faire comprendre ? Comment surmonter ses propres habitudes, ses appréhensions ? Comment rencontrer l'autre, accepter ses différences et faire comprendre les siennes ? Autant de questions auxquelles chaque jeune a fait face lors de ce séjour, et a été nourri et grandi par cette expérience de confrontations et de rencontres. L'anglais maîtrisé pour certains, les signes pour d'autres, des applications de traduction aussi, et des sourires et de la bienveillance pour tous ont été le quotidien de cet échange.
Les larmes de la séparation, les accolades franches et sincères, les promesses de se revoir très vite sont à eux seuls le bilan plus que positif de cet échange qui est le début de réelles amitiés. C'est aussi pour certains le point de départ pour envisager leur propre avenir comme une composante de cet ailleurs à découvrir, riche de mille trésors découverts dans chaque rencontre !
Agenda mars 2019
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