Lettre Europe Octobre
SALE TEMPS POUR LES POPULISTES !
Depuis quelque temps les populistes enregistrent quelques déboires !
Soyons précis : l'étiquette populiste, commode mais imprécise, recouvre des réalités extrêmement diverses allant de gouvernements élus démocratiquement mais dérivant vers un discours démagogique jusqu'à des autocrates ayant réussi à verrouiller le pouvoir d'une manière durable. Salvini, Johnson et Netanyahou, assis sur des sièges éjectables, ne sont pas dans une situation comparable aux inamovibles Poutine et Erdogan. Les points communs à tous sont un discours qui flatte les électeurs dans le sens du poil, exacerbe les tensions en désignant à la vindicte publique des « ennemis du peuple » et un style de gouvernement qui tente de s'affranchir de toutes les règles.
Revenons à notre inventaire que nous limiterons à l'Europe et à quelques pays dont nous sommes proches culturellement et stratégiquement.
Au Royaume-Uni, Boris Johnson subit camouflets sur camouflets, infligés par la Chambre des Communes puis par la Cour suprême; il voit sa majorité parlementaire fondre et des ministres démissionner. Son projet de faire passer en force le Brexit sans accord semble avoir du plomb dans l'aile.
En Italie, Matteo Salvini a tenté un coup de poker pour faire sauter une coalition hétéroclite et ramasser la mise. Mais c'était sans compter avec le premier ministre Giuseppe Conte qui s'est révélé être un fin manœuvrier et a constitué une nouvelle coalition, certes tout aussi hétérogène et fragile, pour gouverner sans Salvini.
En Autriche, le parti d'extrême droite "de la liberté" (F.P.Ö), associé au pouvoir, est englué dans un scandale de tentative de corruption du chef du parti (et ex vice-chancelier). Il a perdu des plumes lors des élections législatives du 29 septembre (-10 points, à 16%), ce qui pourrait permettre au chancelier Kurz (conservateur), vainqueur de ces élections, de s'associer aux Verts de préférence au F.P.Ö.
En Israël, malgré une campagne d'une violence inouïe, Benyamin Natanyahou n'a pas réussi à reconduire sa coalition avec l'extrême droite et, sans majorité, le pays est dans l'impasse.
Aux États-Unis, Donald Trump, avec son comportement erratique, imprévisible et imprudent, fédère des haines tenaces et une procédure de destitution a été lancée contre lui.
Erdogan et Poutine représentent le stade ultime de l'évolution du populisme qui aboutit à une quasi dictature. Ils ont tenté d'empêcher la grogne de s'exprimer à l'occasion de scrutins municipaux mais les manœuvres d'intimidation n'ont pas pu empêcher l'opposition de percer dans les grandes villes, moins facilement contrôlables.
Au Royaume-Uni, en Italie, en Israël et aux États-Unis, la constitution est appliquée, les médias demeurent libres et les contre pouvoirs fonctionnent correctement : une réversibilité est envisageable.
En Turquie et en Russie, les contre pouvoirs n'existent plus, les O.N.G. sont discréditées, la justice est instrumentalisée, les médias d'opposition sont menacés et la constitution est devenue un document purement formel : aucune alternance pacifique ne semble en vue.
Quels enseignements tirer de cet "inventaire" ?
– Que les contre pouvoirs doivent être protégés même si leurs décisions ou leurs commentaires déplaisent à certains politiciens.
– Que les discours clivants et outranciers déchirent durablement l'opinion et qu'il sera difficile de relancer un débat apaisé.
– Que rien n'est jamais acquis. Le temps peut redevenir favorable pour les populistes car aucune des braises sur lesquelles ils soufflent ne sont éteintes : sentiment de déclassement et d'injustice, perte de confiance dans les élites, crainte de l'avenir...
Mais le beau temps peut aussi revenir au bénéfice d'une démocratie apaisée et respectueuse des oppositions.
Frédéric Bourquin, président de la Maison de l'Europe de Nîmes.
Les jeunes volontaires européens 2019-2020 sont arrivés à Nîmes
Le mois de septembre a vu arriver à Nîmes les nouveaux volontaires pour 2019-2020.
Cette année, nous accueillons à la Maison de l’Europe Elena qui vient de Russie, elle succède à Aïvita, qui a regagné la Lettonie ; le lycée Saint Vincent de Paul accueille Judit, espagnole et Filippo, italien ; le lycée de la CCI accueille Suzanna, qui est belge et Zuriñe, espagnole; enfin le CFA- de la CCI "Ecole Culinaire Santé Tourisme" de Marguerittes accueille Csaba, hongrois et Marta, espagnole !
Au début du mois nous avons organisé pour tous ces jeunes plusieurs temps d’intégration pour qu'ils apprennent à se connaître, à nous connaître et à s’orienter dans la ville et dans leurs structures d’accueil. Ils sont logés dans deux appartements en centre ville, rue Bec-de-Lièvre et rue de la Garance, loués par la Maison de l'Europe.
Nous avons dédié un temps aux bases (valeurs, institutions, etc) de l’Union européenne et aux enjeux et objectifs de leur mission de volontariat ; puis les volontaires ont suivi pendant plusieurs jours à Narbonne un séminaire d'accueil, organisé par l’Agence Nationale du Corps Européen de Solidarité, où ils ont pu rencontrer d’autres volontaires de toute la France.
Enfin, nous avons passé une soirée musicale et artistique au Spot pour le vernissage de la nouvelle "Expo de Ouf !" et une journée ensoleillée au Pont du Gard pour leur faire découvrir notre patrimoine.
Les volontaires ont déjà organisé leur premier café linguistique à l’occasion de la Journée européenne des langues et le premier café multi-kulti de la saison où la Belgique, la Hongrie et l’Italie étaient à l’honneur!
Nous avons accueilli ausi Floriane, jeune nîmoise qui est avec nous pour un Service civique de 10 mois. Elle aide Michela pour l'accueil, qui est chargé avec le démarrage des groupes de langues, et travaille également sur d'autres sujets: mise en forme et diffusion de la Lettre Europe, gestion des prêts d'exposition, etc. Elle succède à et a également pris le relais de Riyad qui était avec nous en Service civique depuis quelques mois.
Enfin nous avons accueilli pour 4 mois, en stage Erasmus, un jeune allemand, Falk, étudiant à ... Oxford. Evidemment il parle un anglais parfait, et comme il a aussi été étudiant en France son français est vraiment excellent! Son baptême du feu a été l'organisation et l'animation de la Journée européenne des langues, le 26 septembre.
Bienvenue à tous !
Erasmus Days 2019
En 2017, à l’occasion des 30 ans du programme européen Erasmus d’éducation tout au long de la vie, l’agence Erasmus a créé les Journées Erasmus, maintenant célébrées chaque année pendant 3 jours au mois d’octobre.
Les Journées Erasmus 2019 seront fêtées du jeudi 10 au samedi 12 octobre dans toute l’Union européenne. "Voilà 32 ans que le programme Erasmus bouscule l’Europe et lui donne un visage humain, jeune et souriant ! "
Avec de nombreux partenaires locaux, la Maison de l’Europe de Nîmes coordonne et participe à plusieurs évènements dans sa zone d'action :
Forum de la mobilité internationale
Jeudi 10 octobre 2019
9h30 – 12h30 / 13h30 – 16h30
CCI du Gard, 12 rue de la République, Nîmes
Le Pôle métropolitain Nîmes – Alès, Nîmes-Métropole, la Maison de l’Europe, le lycée de la CCI, l'université UNimes, la Banque populaire du Sud ainsi que leur groupe de travail mobilité internationale, organisent le jeudi 10 octobre 2019 à Nîmes la 3ème édition du Forum de la Mobilité Internationale.
Ce forum à destination des jeunes (lycéens, étudiants, apprentis, demandeurs d’emploi, ...) rassemblera des organismes pouvant apporter des réponses à toutes les questions qui se posent lorsqu’on envisage un projet de mobilité (dispositifs et financements, accompagnement, langues, logement, santé, dépenses sur place …..)
Des professionnels se tiendront à la disposition des jeunes sur des stands d’information. Toute la journée, des mini-conférences sur les dispositifs européens pour les jeunes ou comment Erasmus est un "plus" pour trouver un emploi, seront organisées. Des témoignages de jeunes (étudiants, lycéens, apprentis, volontaires, jeunes au pair…) permettront l’échange entre les participants.
Voir la vidéo en ligne pour une présentation plus complète : https://www.youtube.com/watch?v=bzVyIIMp_VM&list=PLyMbF5egD-903mIL70wPl3f9eSVixm7sY&index=11&t=0s
Accueil des Etudiants étrangers
Jeudi 10 octobre 2019
17h30
Université de Nîmes – site Vauban, rue du docteur Georges Salan à Nîmes
Pour la troisième année consécutive, l’Université de Nîmes et Nîmes Métropole s’associent pour organiser une cérémonie d’accueil des étudiants étrangers venus suivre des cursus d’enseignement supérieur sur le territoire de Nîmes-Métropole.
L’objectif de ce moment convivial est de présenter et partager la vitalité de nos campus, la qualité de nos formations, la diversité de nos offres d’enseignement supérieur, de recherche et d'innovation. Ce sera également l’occasion pour les étudiants étrangers de développer des réseaux de collaboration et d’amitié tout au long de leurs études, et ainsi d’accroître le rayonnement de nos campus et formations.
Les étudiants présents seront invités à rejoindre le réseau des Ambassadeurs du Territoire de Nîmes-Métropole (voir https://www.openimes.fr/devenir-ambassadeur/).
Nuit des étudiants du monde
Jeudi 10 octobre 2019
A partir de 19h30
LE SPOT, 8 rue de l'Enclos Rey, Nîmes
La fête continue au Spot, espace hybride et alternatif aux couleurs de l’international et de l’échange…. Musique, balade artistique nocturne, expositions et témoignages de jeunes
La Journée européenne des langues 2019 à Nîmes
L’Union européenne, c’est une mosaïque de langues: 24 langues officielles ... plus les nombreuses langues régionales, que pour sa part la France a longtemps voulu ignorer et même réprimer par souci d'unité du pays. Nulle part dans le monde on ne trouve une aussi grande diversité linguistique sur un territoire relativement petit. Pour valoriser cette richesse, le Conseil de l’Europe et la Commission européenne invitent les citoyens européens, chaque année le 26 septembre, à célébrer la Journée européenne des langues (JEL).
Cette année, la Maison de l’Europe de Nîmes a de nouveau accepté avec plaisir cette invitation et a organisé le 26 septembre, en coopération avec le lycée de la CCI et le lycée Saint Vincent de Paul, une journée de découverte linguistique pour quatre classes de chaque établissement.
La journée a commencé en "plénière" au lycée Saint Vincent de Paul avec une présentation instructive sur la JEL et les langues de l’Europe, soulignant l’importance et l'intérêt d’apprendre des langues étrangères. Ensuite, les élèves ont pu découvrir la richesse linguistique et pratiquer les langues qu'ils connaissent ou apprennent, dans deux ateliers différents animés par nos volontaires européens.
Dans un premier temps, ils ont testé leurs connaissances avec un quiz bilingue sur la diversité linguistique. Dans le deuxième atelier, les élèves ont participé à une devinette musicale avec des chansons dans des langues différentes. Le même programme a été répété l’après-midi avec les élèves du lycée de la CCI.
Le soir, la JEL s’est terminée à la Maison de l’Europe avec des échanges linguistiques très animés lors d’une "édition spéciale" du Café Linguistique mensuel de la Maison de l'Europe, qui se tient habituellemnt au Spot. Quoi de mieux pour célébrer les langues européennes !
Agenda Lettre Europe Octobre 2019
Mardi 1er octobre - 15h – 17h:
Conseil d’administration de la Maison de l’Europe de Nîmes
Ø 46 rue de la République à Nîmes
Mardi 1er octobre à partir de 18h:
Café Multi Kulti : Pour la rentrée des Cafés Multi Kulti 2019 – 2020, la Maison de l’Europe vous propose une édition autour de la Hongrie, l’Italie et la Belgique
Ø Café Olive, 22 boulevard Victor Hugo à Nîmes
Vendredi 4 octobre 9h – 11h
Travailler en République Tchèque ? Matinale mobilité avec les Missions locales jeunes d’Alès et de Bagnols afin de sélectionner les 15 jeunes qui partiront en stage Erasmus à Prague du 23 novembre au 21 décembre.
Ø Mission locale Jeunes, 6 quai Boissier de Sauvages, à Alès
Jeudi 10 et vendredi 11 octobre
"Enjeux et défis des Institutions européennes renouvelées!". Journées de formation des 487 Centres d’information Europe Direct de l’Union européenne à Prague, République Tchèque
Spécial Erasmus Days 2019
Jeudi 10 octobre
9h30 – 12h30 / 13h30 – 16h30
3e Forum de la mobilité européenne à la CCI du Gard en présence de l’Agence Erasmus.
Ø CCI du Gard, 12 rue de la République, Nîmes
18h00 Accueil des étudiants du monde par Unîmes, le Pôle métropolitain Nîmes-Alès et la Maison de l’Europe
Ø Unîmes, site Vauban, rue du Dr Georges Salan,
Nuit des étudiants du monde à partir de 19h30
Ø Le Spot, 8 rue de l'Enclos Rey à Nîmes
Mardi 15 octobre
10h – 17h Journée de formation et d’échanges sur la mobilité franco-allemande, organisée par le CRIJ Occitanie et l’association ROUDEL avec intervention de la Maison de l’Europe de Nîmes
Ø DDCSPP de l'Aveyron, 9 rue de Bruxelles à Rodez
14h - 16h La mobilité européenne professionnelle dans le cadre du programme Erasmus. Rencontre avec les Missions locales jeunes du département de l’Aveyron
Ø 41/43, rue Béteille, à Rodez
Lundi 21 octobre 14h – 16h
Formation civique et citoyenne. Les formes d’engagements européens ! Présentation de la citoyenneté européenne et du Corps européens de solidarité
Ø ………….. Florac (reste à confirmer 12h aujourd’hui)
Mardi 29 octobre 14h – 17h
Permanence "Mobilité européenne" pour Alès agglomération
Ø Mission locale Jeunes, 6 quai Boissier de Sauvages, à Alès
A l'abbatiale de St Gilles, l'UE a contribué à la restauration du tableau
«Saint Gilles surpris dans sa retraite par le roi Wamba »
Ce tableau de 1878 du peintre nîmois Melchior Doze est au centre du chœur de l’abbatiale de Saint-Gilles, au-dessus du maître-autel. Classé au titre des monuments historiques, il a été restauré entre la 2ème quinzaine de juin et le 29 août 2018, jour depuis lequel il est de nouveau visible.
C’est un tableau majeur pour l’abbatiale tant par sa position que par sa portée. En effet, cette toile illustre la légende de Saint-Gilles et plus précisément l’épisode sur lequel se fonde l’histoire légendaire de la ville de Saint-Gilles. Elle raconte comment le saint, qui voulait protéger la biche qui le nourrissait de son lait, fut blessé par une flèche tirée par le roi wisigoth Wamba alors qu’il chassait sur les terres où s’était installé l’ermite. Pour se faire pardonner, le roi fit don de ses terres à Saint Gilles afin qu’il construise la première abbaye de la ville.
La restauration de Saint Gilles surpris dans sa retraite par le roi Wamba a connu plusieurs rebondissements. La dépose du tableau, pour transport en atelier de restauration, avait été prévue le 24 janvier 2018, mais elle n’avait pu aboutir. Nouvelles tentatives en avril et en mai: pas plus de succès. En effet, malgré les multiples techniques employées, le poids très important de l’œuvre et les systèmes de fixation inconnus et inaccessibles n’ont pas permis aux équipes de parvenir à déloger le tableau de sa position.
La restauration a donc été faite sur place. Une équipe de quatre restauratrices a travaillé sur un échafaudage pendant un peu plus de deux mois à partir de la 2ème quinzaine de juin 2018. « Saint Gilles surpris dans sa retraite par le roi Wamba » a retrouvé ses couleurs d’origine.
Le coût de la restauration du tableau s’est élevé à près de 30 000 €. L’opération a été financée à hauteur de 20% par la commune et 80% grâce aux soutiens de la Direction régionale des affaires culturelles Occitanie et du Pays Garrigues et Costières de Nîmes au titre du programme européen LEADER ( 8 833,72 €, c'est précis...).
JACQUES CHIRAC, UN GRAND EUROPEEN ?
L'ancien Président Jacques Chirac vient de disparaître.
Nous ne reviendrons pas sur l'ensemble de sa carrière politique et sur les qualités humaines qu'on lui prête ; nous nous attarderons sur son attitude vis-à-vis de la construction européenne.
Il fut une époque où son discours était franchement eurosceptique ; ex premier ministre et président du R.P.R., il lance depuis son lit d'hôpital "l'appel de Cochin" (6 décembre 1978) où il dénonce le « parti de l'étranger », visant ainsi les partisans d'une Europe fédérale. En 1979, il qualifie l'Europe de « mollusque, sans corps et sans dessein véritable ». Sa liste eurosceptique subit un échec aux élections européennes de cette année-là, les premières au suffrage universel.
Un revirement complet intervient en 1992 où Jacques Chirac, alors dans l'opposition au gouvernement de gauche, soutient le oui au référendum de Maastricht qui sera approuvé de justesse et permettra la mise en place de l'Union européenne et de la préparation du lancement de l'euro. Devenu président, il participe activement à la négociation du traité de Nice (2001) sur la réforme des institutions européennes, dont les intentions étaient bonnes mais l'ambition trop limitée. Il est partisan de l'élargissement, y compris à la Turquie mais celui de 2004 se limitera finalement à dix pays d'Europe centrale, orientale et méditerranéenne.
En 2005, il pense que, comme le traité de Maastricht, le projet de traité constitutionnel européen doit être soumis à un référendum. Mais il avait oublié que les Français répondent rarement à la question posée mais plutôt à celui qui la pose et le traité est rejeté.
On voit, en suivant le fil de ces événements, l'évolution de Jacques Chirac, d'abord eurosceptique puis devenu progressivement européen de raison.
LA NOUVELLE COMMISSION EUROPÉENNE
Comment se présente la nouvelle Commission européenne qui va se soumettre aux questions du Parlement européen dans les prochaines semaines et devrait prendre ses fonctions le 1er novembre ?
Bien sûr, il ne s'agit pas encore de la Commission définitive puisque le Parlement peut rejeter certains candidats. Dans notre précédente Lettre Europe, nous avions donné la liste des personnes proposées par leurs États respectifs ; ci-dessous, nous complétons cette liste avec les postes prévus, les anciennes fonctions et les noms des candidats italien et roumain désignés tardivement (en gras, la mise à jour, entre parenthèses leur parti national et leur groupe politique européen).
Présidente : L'Allemande Ursula von der Leyen, 60 ans (C.D.U., Parti populaire européen P.P.E.), ancienne ministre.
Trois vice-présidents exécutifs:
– le Néerlandais Frans Timmermans (Parti travailliste, Alliance progressiste des socialistes et démocrates S & D), vice-président sortant de la Commission : chargé du « Green Deal » européen et du Climat.
– la Danoise Margrethe Vestager (Parti social libéral danois, Renaissance Europe), commissaire sortante: Numérique et Concurrence.
– le Letton Valdis Dombrovskis (Unité, P.P.E.) vice-président sortant de la Commission, ancien premier ministre : Économie au service des personnes et Services financiers.
Un Haut représentant pour les affaires étrangères de l'U.E.:
– l'Espagnol Josep Borrell (Parti socialiste ouvrier espagnol, S & D), ancien ministre et ancien président du Parlement européen.
Quatre vice-présidents :
– la Croate Dubravka Šuica (Union démocratique, P.P.E.), ancienne eurodéputée : Démocratie et Démographie.
– le Grec Margarítis Schinás (Nouvelle démocratie, P.P.E.), ancien porte-parole de la Commission : Protection du mode de vie européen. La dénomination de son portefeuille soulève une polémique: voir plus loin.
– le Slovaque Maroš Šefčovič (SMER social démocrate, S & D), vice-président sortant de la Commission : Relations interinstitutionnelles et prospective.
– la Tchèque Věra Jourová (ANO 2011, Renaissance Europe), commissaire sortante : Valeurs et transparence.
Les autres candidats commissaires sont :
– l'Autrichien Johannes Hahn (Parti populaire, P.P.E.), commissaire sortant et ancien ministre: Budget et Administration.
– le Belge Didier Reynders (Réformateurs, Renaissance Europe), ancien ministre : Justice.
– la Bulgare Mariya Gabriel (citoyens pour le développement européen, P.P.E.), commissaire sortante et ancienne eurodéputée: Innovation et Jeunesse.
– la Chypriote Stélla Kyriakides (Rassemblement démocrate, P.P.E.), députée chypriote, ex présidente de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe : Santé .
– l'Estonienne Kadri Simson (Parti du Centre, Renaissance Europe), ancienne ministre :Énergie.
– la Française Sylvie Goulard (La République en marche, Renaissance Europe), ancienne ministre, ex eurodéputée : Marché intérieur, Industrie et Défense.
– la Finlandaise Jutta Urpilainen (Parti social démocrate, S & D), ancienne ministre :Partenariats internationaux.
– le Hongrois László Trócsányi (Fidesz, P.P.E.) ancien ministre et eurodéputé: Voisinage et Élargissement.
– l'Irlandais Phil Hogan (Fine Gael, P.P.E.) , commissaire sortant et ancien ministre: Commerce.
– l'Italien Paolo Gentiloni (Parti démocrate, S&D), ancien président du Conseil des ministres : Économie.
– le Lituanien Virginijus Sinkevičius (Union agraire et des Verts, pas d'affiliation européenne), ancien ministre, 28 ans : Environnement et Océans.
– le Luxembourgeois Nicolas Schmit (Parti ouvrier socialiste, S & D), ancien ministre et eurodéputé : Emploi.
– la Maltaise Helena Dalli (Parti travailliste, P.P.E.), ancienne ministre : Égalité.
– le Polonais Janusz Wojciechowski (Droit et justice PiS, C.R.E.) ancien eurodéputé :Agriculture.
– la Portugaise Elisa Ferreira (Parti socialiste, S & D), ancienne eurodéputée et ministre : Cohésion et Réformes.
– la Roumaine Rovana Plumb (Parti social démocrate, S&D), ancienne ministre :Transport .
– le Slovène Janez Lenarčič (Renaissance Europe), ancien ambassadeur auprès de l'U.E : Gestion des crises.
– la Suédoise Ylva Johansson (Parti social démocrate des travailleurs, S & D) , ancienne ministre: Affaires intérieures.
Maintenant analysons cette nouvelle Commission. Tout d'abord, quels sont les grands équilibres ?
- entre les genres : 14 hommes et 13 femmes (dont la présidente, une vice-présidente exécutive et 2 vice-présidentes), l'équilibre est presque parfait pour un nombre impair de commissaires!
- entre les âges : 1 candidat de 28 ans, 4 dans la tranche de 40 à 49 ans, 12 dans la tranche 50 à 59 ans, 9 dans la tranche 60 à 69 ans, 1 de 72 ans. La nouvelle Commission est plus jeune que la précédente.
- entre les partis : 10 socialistes & démocrates (S & D), 9 membres du Parti populaire européen (P.P.E.), 6 affiliés à Renaissance Europe (ex Alliance des libéraux et démocrates européens A.L.D.E.), 1 de « sensibilité verte » (son parti est non affilié aux Verts européens), 1 conservateur et réformiste européen (C.R.E). Il s'agit donc d'un ménage à trois entre socialistes, droite modérée et libéraux qui se partagent les postes de vice-présidents!
Enfin, quelles ont été les fonctions précédentes des candidats commissaires ? 21 ont été ministres, 20 ont été parlementaires dans leur pays, 11 ont été membres du Parlement européen (dont un ancien président), 8 anciens commissaires et un diplomate . De nombreux candidats ont exercé plusieurs fonctions, d'où le total supérieur à 27.
Quant à la représentation géographique, inutile de s'étendre : un commissaire par État membre, à l'exception du Royaume-Uni qui aurait pu en proposer un mais ne l'a pas fait pour cause de Brexit annoncé!
Comme indiqué plus haut, ce n'est pas gagné d'avance pour certains commissaires qui pourraient ne pas réussir leur examen de passage devant le Parlement européen (à quand la même procédure dans les États membres dont la France?). Quelles sont les candidat(e)s qui risquent d'être contesté(e)s ?
– Sylvie Goulard (France ; Renaissance Europe), qui fait l'objet d'une enquête de la justice française et de l'Office européen de lutte antifraude (OLAF) pour l'affaire d'emplois fictifs d'assistants parlementaires du MODEM.
– Didier Reynders (Belgique ; Renaissance Europe), accusé par un ancien agent de renseignement de corruption et de blanchiment.
– Janusz Wojciechowski (Pologne, C.R.E.) est dans le collimateur de l’Office européen antifraude (OLAF) qui a révélé que le candidat était visé par une enquête sur des irrégularités présumées concernant le remboursement de frais de voyage.
La commission des Affaires juridiques du Parlement européen a d'ores et déjà refusé de donner son feu vert à la désignation de :
– László Trócsányi (Hongrie, P.P.E.), ancien ministre de la justice de Victor Orban, qui a contribué à saper l'État de droit en Hongrie.
– Rovana Plumb (Roumanie ; S & D), citée dans une affaire de corruption.
Leurs auditions, qui devaient avoir lieu début octobre, ont été suspendues, "tant que la présidente élue, Mme von der Leyen, n’aura pas communiqué au Parlement les mesures qu’elle compte prendre".
Pour finir, le périmètre de deux postes déclenche une polémique.
Le candidat grec, Margarítis Schinás (P.P.E), serait chargé de « protéger notre mode de vie européen » ; or, dans son portefeuille on trouve les migrations !
Quant à la candidate croate, Mme Dubravka Šuica, elle serait chargée de la démographie et de la démocratie ; ce serait, pour certains, une concession au groupe de Visegrad qui met en avant la défense des valeurs familiales comme fondement de la démocratie et l'encouragement aux femmes à procréer pour éviter le « grand remplacement » par des immigrés!
D'autres enfin regrettent la disparition d'un poste consacré à la culture, noyée dans le poste de la commissaire bulgare, Mme Mariya Gabriel, au milieu de la jeunesse, de la recherche, de l'innovation, du sport et de l'éducation. Il faut se rappeler que la culture est une prérogative des États membres et une simple compétence d'appui de l'U.E.
On imagine que les débats risquent d'être passionnés mais c'est la rançon de la démocratie. Une fois que les commissaires auront été confirmés par le Parlement européen (ou retoqués et remplacés!), l'ensemble de la Commission se soumettra à l'investiture officielle du Parlement européen puis à celle du Conseil européen (chefs d'État ou de gouvernement). Pas démocratique l'Union européenne ?
Une résolution du Parlement européen sur le Brexit...
dont le feuilleton à rebondissements s'accélère
Lors de la session plénière du Parlement européen du 16 au 19 septembre, les eurodéputés ont adopté une résolution affirmant que si le Royaume-Uni ne respecte pas ses obligations financières, mais également la fluidité des échanges en Irlande, le Parlement s'opposera à tout accord de sortie.
504 voix pour, 167 contre et 28 abstentions: les eurodéputés ont largement soutenu la position de l'Union européenne dans l'épineux dossier du Brexit, en prévenant qu'ils ne ratifieraient aucun accord de sortie qui ne prévoirait pas de "filet de sécurité" pour éviter le rétablissement d'une frontière dure entre les deux Irlande, avec le risque de résurgence de troubles en Irlande du Nord.
La résolution, déposée par un éventail de groupes politiques allant de l'extrême gauche à la droite modérée, a été adoptée après un débat de trois heures en présence de Michel Barnier, le négociateur en chef du Brexit pour l'UE, et de Jean-Claude Juncker, le président sortant de la Commission européenne.
En cas de sortie sans accord (no deal), les parlementaires rappellent qu'il n'y aura "ni période transitoire, ni '"mini‑accords" contribuant à atténuer les perturbations causées par un retrait désordonné".
Avant le vote, des représentants écossais, gallois et nord-irlandais avaient exhorté l'Union européenne à accepter un nouveau report de la date fatidique dans le cas où le Premier ministre britannique se résoudrait à le demander. "Nous avons besoin de plus de temps pour inverser le Brexit, éviter une erreur fatale, donnez-nous ce temps s'il vous plaît", avait ainsi prié Alyn Smith, eurodéputé écossais (écologiste), en soulignant l'incapacité de Westminster à "régler nos problèmes aujourd'hui"... sous les exclamations outrées des eurodéputés du Brexit Party, particulièrement bruyants au fil des interventions de leurs collègues.
Car pour les Brexiters, soutenus par une partie des groupes souverainistes et eurosceptiques du Parlement européen, c'est l'Union européenne qui bafouerait actuellement le droit du peuple britannique à sortir des traités européens. Par crainte, selon le Brexiter Nigel Farage, "que nous devenions plus concurrentiels en dehors de l'Union"... qui peut le croire?
Indépendamment de cette résolution, le rythme de la pièce de théâtre (tragédie ou comédie? ou les deux à la fois?) jouée par BoJo (Boris Johnson) s'est encore accéléré: après qu'il ait mis en vacances forcées les députés - qui ont tout de même eu le temps de voter une loi l'obligeant à demander un report de la date du Brexit au-delà du 31 octobre 2019 -, décision de la Cour suprême contraignant le Premier ministre à accepter une reprise d'activité des députés, annonce de BoJo qu'il proposera à l'UE que "l'Irlande du nord reste soumise aux règles européennes jusqu'en 2025"... de quoi déclencher la colère des députés du parti unionistes de l'Irlande du nord pour lesquels il est exclu que l'Irlande du nord ait un statut différent du reste du Royaume-Uni.
Theresa May avait évité de s'attirer l'opposition des ces députés unionistes, dont elle avait besoin pour garder une majorité.
BoJo veut-il ainsi jouer la politique du pire: d'un côté déclencher un refus de l'UE "démontrant" qu'un accord est impossible, de l'autre déclencher un vote de défiance des députés (motion de censure) et obtenir ainsi des élections anticipées qui lui ont été refusées jusqu'ici? A la pétanque c'est "faire un carreau": on disperse tout le jeu sans avoir ce qui en résultera...
Boris Johnson sait-il où il doit ou veut aller? Pas certain...
Transparence sur les contacts entre lobbyistes et institutions européennes
Vous voulez savoir quels sont les lobbys agissant auprès de la Commission et du Parlement européen ? Consultez le Registre de transparence (version en français): http://ec.europa.eu/transparencyregister/public/homePage.do?redir=false&locale=fr
Le registre de transparence est une base de données répertoriant les organisations qui cherchent à influencer le processus législatif et de mise en œuvre des politiques des institutions européennes. Il met en évidence les intérêts défendus, par qui et avec quels budgets. Il permet ainsi au public d'exercer une surveillance et offre la possibilité aux citoyens et à d’autres groupes d’intérêts de suivre les activités des lobbyistes.
Les organisations doivent être enregistrées et sont liées par un code de conduite commun. A la date du 2 octobre 2019, 11 874 organisations sont enregistrées. Elles sont réparties en 6 catégories, la plus nombreuse (plus de la moitié) est "Groupements professionnels et associations syndicales et professionnelles".
Dans le cadre de l’engagement de la Commission en matière de transparence, les commissaires, les membres de leur cabinet et les directeurs généraux publient des informations sur les réunions tenues avec des organisations ou des personnes agissant en qualité d’indépendants.
Les réunions relatives à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques dans l’UE ne peuvent avoir lieu que si les représentants d’intérêts sont inscrits au registre de transparence de l’UE.
Pour en savoir plus, voir les décisions de la Commission de novembre 2014:
* concernant la publication d'informations sur les réunions tenues entre des membres de la Commission et des organisations ou des personnes agissant en qualité d'indépendants
* concernant la publication d'informations sur les réunions tenues entre des directeurs généraux de la Commission et des organisations ou des personnes agissant en qualité d'indépendants;
D'où vient le mot lobby (en bon français groupe d'influence ou groupe d'intérêt)? En anglais le lobby est le vestibule, le couloir, le hall d'entrée... où les groupes d'influence cherchent à rencontrer les politiques!
La Commission européenne a souhaité mettre fin à ces "rencontres de couloir informelles" en les contrôlant et les rendant transparentes. Des rencontres sont nécessaires: les décideurs politiques ont absolument besoin d'information sur des sujets qu'ils ne connaissent pas forcément, à eux de rencontrer des groupes d'intérêt différents et variés sur un même sujet. Surtout, pour les citoyens, ne pas assimiler automatiquement lobbying et corruption!
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