Lettre Europe de Mars 2024
PHOTO DU MOIS
Triste anniversaire. Le 24 février 2022 débutait l’offensive russe contre le territoire et le peuple ukrainien.
TRIBUNE
Le retour au réel
Pendant des décennies, les États de l’Union européenne ont bénéficié des « dividendes » de la paix. La chute du « Rideau de fer », le retrait des forces russes des pays d’Europe centrale et orientale, l’implosion de l’U.R.S.S ont fait penser que le spectre d’un conflit s’éloignait de l’Europe. Il y a eu le rappel à l’ordre de la guerre civile en ex-Yougoslavie mais l’Europe, incapable d’éteindre l’incendie, s’est reposée sur les Américains qui ont imposé les accords de Dayton (1995) tandis que l’OTAN en finissait avec le nationalisme serbe (1999).
Chacun est retourné à ses affaires, trop content de pouvoir rogner sur les budgets militaires et de profiter du gaz russe en abondance.
L’Allemagne est allée très loin dans cette voie et la Bundeswehr est devenue l’ombre d’elle-même. Seules, la France et la Grande-Bretagne ont maintenu une capacité d’envoyer des corps expéditionnaires au Moyen-Orient et en Afrique. Mais l’idée d’une guerre « classique » de haute intensité avec artillerie, chars et infanterie n’était plus dans les plans des États-majors.
Les alertes en Tchétchénie, en Géorgie, dans le Donbass et en Crimée n’ont pas remis en cause l’idée générale qu’un conflit n’était plus d’actualité en Europe.
Le réveil a été brutal en février 2022 mais, dans un premier temps, nous avons été satisfaits que les Américains prennent en charge une part importante du soutien à l’Ukraine contre l’agression russe. Deux ans plus tard, les États-Unis, déchirés par une guerre civile « froide » entre Démocrates et Républicains suspendent leurs livraisons aux Ukrainiens ; les Européens sont incapables de leur fournir en quantités suffisantes les armements et les munitions. Pendant deux ans, ils ont tergiversé pour livrer ce qu’ils avaient et maintenant que les stocks sont vides, leur industrie n’est toujours pas en mesure de produire suffisamment.
Est-ce que l’Union européenne va enfin avoir une puissance militaire à la hauteur de sa puissance économique ? Dans ce monde brutal où le shérif américain se retire dans son ranch, l’Europe doit désormais assurer sa sécurité et celle de ses abords.
F. Bourquin, président de la Maison de l’Europe de Nîmes
Les nouvelles de l'Europe
Kafka au soleil de la Méditerranée
Connaissez-vous un pays qui a :
- Deux monnaies,
- Trois langues,
- Quatre souverainetés qui se partagent son territoire,
- Sept drapeaux qui flottent au vent ?
Ou encore qui a :
- Deux religions,
- Trois États
- Six forces armées présentes sur son sol ?
Un indice :
- Cet Etat est membre de l’Union européenne
- Mais pas totalement !
Un deuxième indice :
- Sa capitale est partagée en deux par un mur.
Allez, je vous donne la réponse : Chypre !
- Deux monnaies : l’euro au Sud et la livre turque au Nord (mais les Chypriotes turcs sont friands d’euros !) :
- Deux religions : les Chypriotes grecs sont chrétiens orthodoxes et les Chypriotes turcs sont musulmans sunnites ;
- Trois langues ; au Nord, on parle turc et anglais, au Sud grec et anglais ;
- Trois États : la République de Chypre, la République turque de Chypre Nord (R.T.C.N.) et les zones de souveraineté britanniques ;
- Quatre administrations : en plus des trois administrations ci-dessus, la zone tampon entre Chypre Nord et Chypre Sud est administrée par l’ONU ;
- Six forces armées : les armées de la République de Chypre, de la République turque de Chypre Nord, de la Turquie, de la Grèce, l’armée britannique et la force d’interposition de l’ONU (UNFICYP) ;
- Sept drapeaux : ceux des six contingents plus celui de l’Union européenne qui flotte fièrement sur les bâtiments publics du Sud aux côtés des drapeaux chypriote et grec.
Comment en est-on arrivé là ?
Dès l’Antiquité, l’île a été peuplée par des Grecs et les Phéniciens ; tous les empires antiques ont, à un moment où à un autre, contrôlé l’île d’Aphrodite ; les empires égyptien, assyrien, perse, d’Alexandre, séleucide, des Ptolémées, romain, byzantin.
Au Moyen-Âge, les Arabes, la dynastie franque des Lusignan, l’ordre militaire des Hospitaliers, Venise se sont disputé Chypre.
Les fortifications vénitiennes à Kyrenia
En 1571, l’empire turc ottoman met la main sur l’île ; en 1878, les Britanniques profitent du déclin de l’empire ottoman pour s’emparer de Chypre, étape stratégique sur la route des Indes.
Les relations entre les deux communautés, grecque et turque, sont pendant longtemps pacifiques : de nombreux villages voient se dresser une mosquée et une église.
Le projet d’Enosis (rattachement à la Grèce continentale) qui apparaît au cours du XXe siècle, et l’attitude des Anglais s’appuyant tantôt sur les uns tantôt sur les autres pour gouverner, contribuent à dégrader les relations intercommunautaires. Un terrorisme grec (EOKA), dirigé contre les Britanniques et les Chypriotes turcs, endeuille l’île. Les Anglais décident de se retirer de ce guêpier et accordent l’indépendance en 1960, en se gardant deux bases « souveraines ». La Grèce, la Turquie et le Royaume-Uni sont « garants » de l’ordre constitutionnel.
Un souvenir de l’occupation britannique
La forte personnalité du premier président élu, Monseigneur Makarios III, permet dans un premier temps de maintenir le lien entre les communautés.
Mais les Chypriotes turcs sont en infériorité numérique et se sentent marginalisés ; des maladresses du gouvernement de Makarios mettent le feu aux poudres à plusieurs reprises et une première ligne de séparation (la ligne verte) entre les deux communautés est tracée en 1964 et gardée par des casques bleus (UNFICYP). Les migrations commencent : les Chypriotes turcs au nord et les Chypriotes grecs au sud.
Un coup d’Etat en Grèce en 1967 amène l’armée (« les colonels ») au pouvoir ; comme tout régime autoritaire qui perd sa légitimité, les « colonels » se lancent dans une aventure militaire en 1974 : réaliser « l’Enosis » par la force.
C’est un échec qui entraîne la chute de la dictature en Grèce mais donne un prétexte à l’armée turque pour débarquer au nord de Chypre pour protéger les Chypriotes turcs. Après un conflit court mais violent, une ligne de cessez-le-feu est instaurée par l’ONU (la ligne Attila) et les casques bleus de l’UNFICYP contrôlent la zone de part et d’autre de la ligne Attila. Un nettoyage ethnique fait disparaître l’ancienne « peau de léopard » des implantations des deux communautés ; désormais, les Chypriotes turcs sont uniquement au Nord et les Chypriotes grecs au Sud.
En 1983, une République turque de Chypre Nord (R.T.C.N.) est proclamée dans la zone occupée par l’armée turque mais n’est reconnue que par la Turquie.
Des négociations en vue d’une réunification sont tentées ; la plus aboutie est menée au début du XXIe siècle, sous l’égide du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan ; c’était dans la perspective de faire entrer toute l’île dans l’Union européenne. Malheureusement, le plan Annan, bien qu’accepté par référendum (24/04/2004) par les Chypriotes turcs (65%) est repoussé par les Chypriotes grecs (70%).
Néanmoins, Chypre adhère à l’Union européenne le 1er mai 2004 ; officiellement, toute l’île entre dans l’Union mais, dans la pratique, il s’agit de deux zones étanches sans aucun point de passage. Le premier n’est ouvert qu’en 2008 et actuellement il en existe 9.
Depuis, la situation est figée : l’armée turque occupe le Nord et les deux drapeaux y flottent conjointement, le turc et celui de la R.T.C.N.
Les Chypriotes turcs ont, officiellement, été indemnisés pour la perte de leurs biens au Sud mais ce n’est pas le cas des Chypriotes grecs pour les biens au Nord ; si bien que la plupart des hôtels ou les villas construits au Nord le sont sur des terrains appartenant aux Chypriotes grecs expulsés.
En l’absence de reconnaissance internationale de la R.T.C.N., les vols internationaux de et pour Chypre Nord doivent obligatoirement faire escale dans un aéroport turc sans même prendre ou laisser des passagers ! Le courrier international transite par le bureau de poste d’une ville turque pour pouvoir être acheminé hors de la R.T.C.N.
Pour aller de Chypre Nord à Chypre Sud (et réciproquement), ce que seuls les étrangers et les Chypriotes titulaires d’un passeport étranger peuvent faire, il faut passer des points de contrôle qui ressemblent (le soleil et la décontraction méditerranéenne en plus) au « check point Charlie » de Berlin à l’époque du Mur.
Le mur à Nicosie
Une ville balnéaire de 20 000 habitants qui était le Saint Tropez de Chypre (fréquenté par Bardot, Elisabeth Taylor, Richard Burton…), Varosha, a été entièrement vidée de ses habitants en 1974, à l’approche de l’armée turque ; depuis, la vie s’est arrêtée brutalement : les maisons, les hôtels se délabrent lentement.
Cette situation kafkaïenne s’enkyste dans la durée et le raidissement nationaliste du gouvernement turc d’Erdogan n’arrange pas les choses d’autant plus qu’une nouvelle pomme de discorde est apparue sous les eaux : le gaz et le pétrole dont chacun revendique le droit de l’exploiter exclusivement. Il en résulte des démonstrations des forces navales turques au large de l’île pour contester les eaux territoriales de la République de Chypre.
Un point de tension de plus dans une zone qui n’en manque pas : nous sommes à quelques centaines de kilomètres de la Syrie, du Liban et de Gaza !
Mais que ceux qui serait tentés par un séjour à Chypre, ne soient pas rebutés par ce qui précède : l’île est couverte de monuments laissés par tous les occupants, le soleil est omniprésent, les paysages sont magnifiques et l’accueil est chaleureux !
Frédéric Bourquin
Pourquoi plus personne ne parle du "Spitzenkandidat" ?
Le terme Spitzenkandidat est emprunté au système électoral allemand dans lequel il est utilisé pour désigner le "candidat tête de liste" lors des scrutins.
Pour les élections européennes, cela signifie que chaque parti politique européen désigne un chef de file. Le Spitzenkandidat du parti politique qui emporte le plus de sièges est ensuite le candidat proposé par le Conseil européen au vote du Parlement européen pour la présidence de la Commission européenne. Ce mode de sélection fait des partis politiques européens les principaux vecteurs de la campagne pour la présidence de la Commission. Ce ne sont plus les États, représentés au sein du Conseil européen, qui ont seuls l'initiative de proposer un candidat au Parlement européen.
Calqué sur un modèle parlementaire classique, ce système vise à renforcer la légitimité démocratique de la Commission européenne et à créer un rapport plus étroit entre les votes des électeurs et les coalitions au sein des institutions de l’UE. Il s’agit aussi de lutter contre une abstention croissante, les citoyens européens considérant toujours les élections européennes comme un scrutin de second ordre. La nomination de têtes de listes, candidats à la présidence, peut rendre le scrutin européen plus lisible pour le citoyen.
De ce fait, chaque parti européen doit sélectionner en amont un candidat à la présidence de la Commission européenne.
Objectivement, cela donne aux citoyens une raison supplémentaire de se rendre aux urnes car leur vote a alors plus d’enjeu. Les citoyens votent non seulement pour les députés européens du Parlement, mais aussi pour la présidence de la Commission, par ricochet.
Jusqu’à présent, le système du Spitzenkandidat n’a fonctionné qu’une seule fois, en 2014, avec la nomination du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, alors tête de liste du Parti Populaire Européen (PPE).
En 2019, en revanche, le Conseil européen a fait fi des Spitzenkandidaten. Ainsi ce système, mettant comme favori l'Allemand Manfred Weber, n'enthousiasmait pas les dirigeants des États européens. Finalement, Ursula von der Leyen a été proposée par le Conseil aux députés qui l'ont validée à ce poste, alors que l’ancienne ministre allemande n’avait pas participé à la campagne électorale.
À l’occasion des élections de 2024, la question d’utiliser ou non le système du Spitzenkandidat se pose de nouveau.
La pierre d’achoppement du processus du Spitzenkandidat est qu’il n’est pas explicitement inscrit dans les traités de l’Union. Cela soulève alors la nécessité de trouver une stabilisation dans la désignation de la présidence de la Commission européenne, au lieu de se reposer sur une interprétation souple des traités et d’alterner tous les cinq ans entre un système avec et sans Spitzenkandidat.
Concrètement, cela implique de clarifier l’article 17 du Traité de l’Union européenne (TUE) qui indique que « en tenant compte des élections au Parlement européen [...], le Conseil européen, statuant à la majorité qualifiée, propose au Parlement européen un candidat à la fonction de président de la Commission ». Mais cet article n’est pas des plus explicite – car que signifie « tenir compte des élections » ? Cela laisse place à beaucoup d'interprétations.
Aujourd'hui, personne ne semble vouloir relancer vraiment le sujet des Spitzenkandidaten avant les élections européennes actuelles, seuls les Verts et les socialistes (PSE) ont désigné un spitzenkandidat.
De plus, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a confirmé son intention de diriger l'exécutif pour cinq années supplémentaires. Et le PPE, qui est le parti habituellement le plus important, s'est déjà prononcé en sa faveur, alors même qu'elle n'est pas candidate aux élections.
La parenthèse s'est refermée concernant le processus de désignation du futur président de la Commission européenne. Un nouveau mode de désignation demandera des efforts considérables et la modification des traités en vigueur, ce n'est pas pour maintenant.
Dommage !
Charles-Antoine Roussy
Le 9 juin, nous élisons nos eurodéputés européens. Allons voter !
QUEL EST LE RÔLE DES DÉPUTÉS EUROPÉENS ?
Le Parlement européen exerce trois fonctions principales : un pouvoir législatif, un pouvoir de contrôle et un pouvoir budgétaire.
Pouvoir législatif
Les députés européens votent les textes législatifs (directives, règlements…) en codécision avec le Conseil de l’UE qui est composé des ministres du domaine concerné par le texte (par exemple : environnement, transports…) de chaque État membre. Ils statuent sur les propositions de la Commission européenne, qui a le monopole de l’initiative des projets de textes législatifs. C’est la procédure législative ordinaire.
Ils doivent donner leur approbation à l’adhésion de nouveaux pays et se prononcent sur les accords internationaux négociés par l’Union européenne.
Pouvoir de contrôle
Ils exercent un contrôle politique sur les autres institutions européennes et notamment sur la Commission européenne, qu’ils peuvent contraindre à la démission (c’est arrivé en 1999).
Ils approuvent la composition de la Commission européenne en auditionnant chaque nouveau commissaire avant sa nomination.
Au fil des années, on a pu constater l’accroissement continu des pouvoirs du Parlement européen à l’égard des autres institutions européennes.
Pouvoir budgétaire
Le Parlement européen adopte le budget, conjointement avec le Conseil de l’UE ; ces deux institutions constituent « l’autorité budgétaire » de l’Union européenne. Le montant des recettes est limité par un accord entre les États membres ; le montant des dépenses est lui aussi limité par un accord interinstitutionnel. Le Parlement européen a un droit de décision égal à celui du Conseil de l’UE.
Les citoyens de l’UE peuvent aussi les interpeller au moyen de deux procédures :
⦁ Droit de pétition
Le Parlement européen est habilité à recevoir les pétitions, individuelles ou collectives, de tout citoyen de l’Union, toute personne y résidant, toute entreprise ou organisation établie en son sein. Ces pétitions doivent concerner des questions relevant des domaines de compétences de l’Union européenne ; elles peuvent prendre la forme de demandes, d’observations ou encore de plaintes. En 2021, Le Parlement européen a reçu 1 392 pétitions (dont 1 007 recevables, 368 non recevables et 17 retirées).
⦁ Médiateur européen
Depuis 1995, le Parlement européen élit un médiateur européen, chargé d’enquêter sur les plaintes des citoyens européens relatives aux cas de mauvaise administration de la part des institutions et organes de l’UE. Il est élu pour 5 ans et doit rendre compte de ses activités aux députés. Depuis le 1er octobre 2013, la médiatrice est Emily O’Reilly (Irlande).
En 2022, la médiatrice européenne a reçu 2 238 plaintes. Et elle a clôturé 330 enquêtes.
OÙ ET COMMENT LES DÉPUTÉS EUROPÉENS TRAVAILLENT-ILS ?
Ils travaillent dans 2 lieux différents
⦁ Bruxelles
C’est là que se fait le travail de préparation. Les députés européens se réunissent au sein de 20 commissions permanentes (par grands domaines) et de commissions spécialisées (créées en fonction de l’actualité). Ils examinent les projets de directives et de règlements proposés par la Commission européenne et préparent les rapports qui seront présentés au vote en session plénière.
Ils se réunissent aussi par groupes politiques.
⦁ Strasbourg (siège)
Ils participent aux 12 sessions plénières annuelles, auxquelles peuvent assister les citoyens européens. Ils présentent les projets de lois discutés et amendés dans les différentes commissions et votent pour leur adoption ou leur rejet.
RÉPARTITION DES DÉPUTÉS EUROPÉENS PAR GROUPES POLITIQUES (DÉCEMBRE 2023) -source : Parlement européen-
Afin de tenir compte des changements de populations depuis les dernières élections européennes de 2019, le Conseil de l’UE et le Parlement ont décidé de porter le nombre total de députés européens de 705 à 720, lors des élections européennes de juin 2024.
Chaque État membre dispose d’un nombre de députés compris entre 6 (Malte, Luxembourg, Chypre) et 96 (Allemagne) en fonction de sa population. Le nombre de députés européens pour la France sera porté de 79 à 81.
Les députés se regroupent dans l’hémicycle en fonction de leur sensibilité politique et non de leur nationalité.
Lorsqu’ils sont élus, les députés peuvent soit rejoindre un groupe politique européen existant, soit en créer un (sous certaines conditions), soit faire partie des «non-inscrits».
A la tête du Parlement se trouve un président ou une présidente : c’est actuellement Roberta Metsola (PPE) en fonction depuis le 18 janvier 2022. Élue pour deux ans et demi renouvelables, elle dirige les activités du Parlement et préside les sessions plénières, les réunions du bureau et la conférence des présidents de groupes politiques. Elle représente également le Parlement dans les relations extérieures.
Le mois prochain : le fonctionnement du Parlement européen
Jackpot pour la Pologne
La présidente de la Commission européenne a annoncé le 23 févier à Varsovie que l'UE allait débloquer rapidement plus de 137 milliards d'euros dont 76,5 milliards de la politique de cohésion et plus de 60 milliards de prêts et de subventions du plan de relance européen, lancé pendant la pandémie de Covid-19 grâce aux avancées très significatives concernant les réformes lancées et les mesures prises en ce qui concerne l'indépendance des tribunaux.
Donald Tusk accueilli à Bruxelles le 25 octobre dernier par Ursula von der Leyen - crédits Conseil européen
Ces fonds avaient été bloqués par l'UE après une série de réformes prises par le PiS (parti nationaliste Droit et Justice) portant atteinte à l’indépendance judiciaire, à la liberté de la presse, ou encore aux droits des personnes LGBT. La Commission européenne avait activé en décembre 2017 contre la Pologne l'article 7 du Traité de l'Union européenne, prévu en cas de menaces sur l'État de droit. Cette procédure – qui a depuis été enclenchée également contre la Hongrie en 2018 – peut en théorie aller jusqu'à une suspension des droits de vote d'un État au Conseil de l'UE.
Mme Von der Leyen a salué les efforts déployés par la Pologne pour rétablir l’état de droit dans le pays, indiquant que la Commission européenne présenterait la semaine prochaine des décisions relatives au déblocage des fonds. « Nous sommes impressionnés par vos efforts et ceux du peuple polonais pour restaurer l’état de droit en tant que colonne vertébrale de votre société », a-t-elle dit.
Le nouveau dirigeant polonais Donald TUSK s'est félicité de cette bonne nouvelle qui va permettre de distribuer rapidement 1,5 milliards pour soutenir les agriculteurs, très touchés par les importations ukrainiennes notamment.
Du côté de la Hongrie, pas de changement d'orientation de la Commission qui a activé le mécanisme de conditionnalité des fonds européens au respect de l’état de droit. Après un accord lors du Conseil européen de juillet, puis à celui de décembre 2020, le “règlement relatif à un régime général de conditionnalité pour la protection du budget de l’Union” a finalement été adopté le 16 décembre 2020.
Concrètement, le mécanisme de conditionnalité doit être activé par la Commission européenne si celle-ci constate une violation avérée de l’état de droit, qui compromettrait la bonne utilisation des fonds européens dans un Etat membre. Elle peut également choisir de déclencher le mécanisme de manière préventive, s’il existe un risque clair et sérieux de violation de l’état de droit.
Une fois le dispositif activé et des sanctions proposées, il revient au Conseil de l’UE d’adopter des mesures en se prononçant à la majorité qualifiée dans un délai d’un mois (trois dans des cas exceptionnels).
Comme vous l'imaginez, le fait de passer à la majorité qualifiée est fondamental, car jusqu'à présent les sanctions devaient être adoptées à l'unanimité moins une voix. Comme vous l'imaginez, la Pologne et la Hongrie se protégeaient mutuellement !
L'unanimité a donc bien vécu et ouvre la porte à un certain nombre d'autres évolutions indispensables notamment en vue du futur élargissement. A condition que le Parlement européen ne bascule pas trop à l’extrême droite bien entendu !!!
N’oubliez pas d'aller voter et de faire voter, l'enjeu est capital pour l'avenir de l'UE, notre sécurité et le futur de nos enfants !
Charles-Antoine ROUSSY
Les nouvelles de la Maison de l'Europe
Les jeunes bougent en Europe : Axel, Emma, Jorge
Fin de volontariat au Portugal pour Axel
Je m’appelle Axel et je reviens de deux mois de volontariat au Portugal grâce au Corps européen de solidarité.
J’étais dans une association appelée Plantar Uma Arvore, ce qui veut dire « Plante un arbre » et qui a pour mission principale de reboiser certaines zones où la forêt a disparu. L’association a plusieurs sites dans lesquels on peut postuler pour faire du volontariat. Le premier près de Lisbonne dans le parc national de Sintra, un lieu très touristique, le second dans le parc national de Bussaco, la plus ancienne forêt du Portugal et enfin le dernier à Carvalhais, dans les montagnes au nord du pays. J’ai travaillé les deux mois sur le site de Carvalhais, un milieu très rural qui a été touché par d’importants incendies en 2017.
Notre mission consistait à planter différentes espèces d’arbres suffisamment diverses et résilientes pour résister à d’éventuels incendies. Pour ce travail on était une équipe de 4 volontaires venant du Corps européen venant chacun d’un pays différent (une Finlandaise, un Italien, une Hollandaise). On s’est très vite super bien entendus, même si la communication n’était pas très facile les premiers jours. Le fait de vivre en colocation, de faire la cuisine ensemble, de jouer au président, ou juste de découvrir un nouveau pays ensemble, forcément ça rapproche très vite.
Ce volontariat m’a aussi permis de découvrir un pays que je ne connaissais pas du tout. Avec notre petit groupe on a organisé plusieurs voyages comme Porto ou Lisbonne, où on a passé les vacances de Noël. Grâce à l’association on a même pu rester quelques jours à Sintra, un lieu magnifique avec plein de châteaux au milieu d’une forêt !
L’association a également organisé un « field trip » où pendant cinq jours on est allés travailler avec l’équipe de Bussaco sur leur site. C’était vraiment une expérience très intéressante car on s’est retrouvés à 11 personnes venant chacune d’un pays européen différent et pourtant très vite des liens se sont créés. Les volontaires nous ont fait découvrir le parc et leur travail, assez différent du nôtre qui consistait principalement à protéger le parc contre des espèces d’arbres invasives. Après plusieurs soirées avec eux on s’entendait vraiment bien et on a décidé de se revoir.
Pour moi cette première expérience du volontariat a été extrêmement positive et me motive pour me lancer dans un second CES. J’ai beaucoup aimé apprendre à connaître d’autres jeunes venant d’environnements différents et découvrir un nouveau pays et une nouvelle culture avec eux.
Je recommande vivement le CES à tous ceux qui veulent un peu sortir de leur zone de confort (et encore c’est quand même tranquille on est bien encadrés et on reste en Europe.) Mais également à ceux qui veulent découvrir d’autres activités et pistes professionnelles.
Emma passe un an en Pologne : témoignage
Hello!
Moi c'est Emma, 23 ans. Je suis actuellement en Pologne dans une ville nommée Bydgoszcz pour un volontariat avec le Corps européen de solidarité pour un projet en long terme, c'est à dire 12 mois. J'en suis à mon 10ème mois.
J'ai choisi ce pays et cette ville non pas pour sa localisation ou son climat ; la principale raison fut le feeling avec les coordinateurs du projet qui est tout de suite passé. De ce fait, je ne me suis plus posé de question, il fallait que j'aille là-bas. Je suis alors partie là-bas et j'ai fait le choix d'y aller… en bus.
Départ de Paris : 24h de trajet. Excitée et un peu tiraillée de partir, avec ces états émotionnels vacillants, les heures sont finalement passées rapidement. On réalise à ce moment-là que ça y est, on saute dans l'inconnu. Ces heures m'ont permis de bien (bien) prendre conscience de ce que je m'apprêtais à réaliser, et tout ce que partir en volontariat pourrait impliquer.
Aussi, côté rassurant : durant le trajet un des coordinateurs pouvait suivre la localisation du bus en temps réel, et me demandait des nouvelles lors des étapes clés. En cas de problème, je savais que je ne me serais pas retrouvée seule.
Une fois arrivée sur le sol polonais mon premier sentiment fut bien sûr : ouf, enfin terminé ! Tout va pouvoir commencer.
Ma mentor est venue me récupérer à la gare routière et m'a ensuite déposée dans l'appartement dans lequel je vis depuis maintenant 10 mois. Appartement très correct, cuisine, salle de bain, toilettes, 2 chambres ainsi qu'une pièce à vivre aménagée en troisième chambre.
Nous avons d'abord habité à 4. Deux garçons : l’un de nationalité turque et un Macédonien ; et deux filles, l'une Turque et l'autre Française (du coup).
Premièrement, j’ai donc partagé ma chambre avec Sena pour une durée de 7 mois.
Les volontaires arrivant à différentes périodes et avec une durée de volontariat possiblement différente, il se peut que certains partent, que d'autres arrivent et que les propriétaires des chambres changent avec le temps.
Depuis le départ de mes anciens colocataires, j'ai alors eu la possibilité de prendre une chambre seule, puis sont arrivés progressivement Mila et Dato de Géorgie, Jack de Suède et Sveva d'Italie.
Chacun d'entre nous a un projet qui lui est propre, mais il nous arrive d'intervenir ensemble dans des écoles pour présenter nos pays respectifs, ou pour certaines activités.
Exemple avec Les « Eurobackyards » sur la photo ci-dessous.
En ce qui me concerne, je travaille et interviens avec des personnes en situation de handicap physique et mental dans deux établissements. L'un correspond à du temps occupationnel et l'autre correspond à du conditionnement à travers des travaux créatifs qui se rapprocherait d'un ESAT (Établissement et service d'aide par le travail).
Lors de ces temps je me vois proposer des médiations artistiques et un accompagnement dans leurs tâches au quotidien ou lors de sorties.
J'ai, par exemple, eu l'opportunité de participer à des sorties d'enseignement économique afin de les accompagner dans leurs dépenses, et des sorties culturelles comme à la bibliothèque ou au musée.
Atelier sur le thème de l’automne à la bibliothèque
Ce qui m'a le plus plu dans ce séjour c’est cette relation aux autres, les rencontres venues d'ailleurs, la découverte d'un autre système que celui de son propre pays, d'une culture, y découvrir les enjeux. Mais aussi d’en découvrir les ressemblances dans l’ouverture d’une nouvelle perspective.
Partir m'a permis de réaliser de quoi je suis capable et de m'adapter à un nouvel environnement.
Je recommande donc à quiconque souhaitant faire l'expérience de voyager à l'étranger, de rencontrer du monde venu de partout en Europe, de sortir de sa zone de confort et réaliser des projets, … Et j’en passe… de partir en volontariat.
Après tout, pourquoi pas ?
Jorge Garcia — Témoignage
À Paris j’ai goûté la soupe à l’oignon et les escargots !
Salut! Je m’appelle Jorge, j’ai 25 ans et je viens d’Aragon, une région située au nord-est de l’Espagne. Je suis arrivé à Nîmes en septembre, et je suis ici jusqu’à fin juillet. Je travaille au lycée Saint Vincent de Paul comme assistant de langue espagnole. En plus, je participe aux événements organisés par la Maison de l’Europe ici à Nîmes.
Nîmes est connue pour son passé romain et son riche patrimoine archéologique. J’ai déjà visité le Musée de la Romanité et j’étais surpris de découvrir l’histoire de cette ville, et son symbole, un crocodile venu de l’ancienne Egypte. Figuré sur les anciennes pièces romaines, la ville a adopté plus tard ce symbole, et tu peux le voir dans une des places de la ville. Plus concrètement dans une fontaine ! Si tu visites Nîmes, n’oublie pas d’y aller et de toucher le nez du crocodile pour avoir de la bonne chance!
Au lycée Saint Vincent de Paul il y a beaucoup de projets en cours pour nous les volontaires. En ce moment je participe au projet MUN avec les élèves, c’est un projet que imite les Nations Unies, et chaque année il y a deux thèmes à traiter. L’objectif est d’éduquer les élèves à l’importance des institutions internationales et de la diplomatie pour résoudre des conflits internationaux. Cette année nous travaillons sur la thématique du terrorisme au Sahel et les flux migratoires dans la Méditerranée. Je représente l’ambassadeur d’Algérie, et je dois protéger les intérêts de mon pays et exposer son point de vue. Je pense que c’est un projet très intéressant!
Au CDI je suis en train de préparer un club de lecture avec les élèves, et j’ai déjà participé dans la semaine à de la lecture à haute voix, où j’ai lu des fragments de livres entre professeurs et élèves. En plus, avec des autres volontaires du lycée Saint Vincent de Paul, j’organise un café linguistique chaque mardi pendant une heure, où nous parlons avec les élèves en espagnol ou anglais. C’est une opportunité pour les aider à développer un peu plus leurs habilités linguistiques dans un environnement plus informel et amical. Nous sommes aussi en train de préparer la semaine des langues qui se déroulera en mars. Durant cette semaine, nous préparerons chaque jour activités et ateliers dans une langue différente; espagnol, italien, anglais, allemand et français.
Le monastère des Jacobins à Toulouse
D’un autre côté, pendant mon temps libre je voyage beaucoup pour découvrir l’Occitanie et le sud de la France. Je suis déjà allé à Toulouse, Montpellier, Narbonne, Carcassonne, Arles… et Paris bien sûr! Plus récemment, j’ai participé comme volontaire à un autre projet dans les Alpes à Champagny-en-Vanoise, connu comme la Gorzderette. Cet événement réunit des amateurs et professionnels de la montagne pour faire des activités comme l’escalade sur glace, ski de fond, etc. C’était une expérience incroyable! Et évidemment, j’en ai profité pour aller faire du ski à La Plagne !
Discover EU
La Maison de l’Europe de Nîmes, en partenariat avec la MAS et l’UFOLEP, a reçu une subvention pour le projet DiscoverEU Inclusion.
DiscoverEU est une initiative financée par le programme Erasmus +, offrant aux jeunes de 18 ans la possibilité de parcourir l'Europe en train grâce à un pass Interrail.
Les objectifs de ce projet sont multiples :
- Offrir aux jeunes une meilleure connaissance de l’Europe et des opportunités qu'elle offre en matière d'éducation et de vie future.
- Doter les jeunes de compétences non techniques et d’autres connaissances utiles.
- Encourager les échanges interculturels et le dialogue entre les jeunes.
- Favoriser le sentiment d’appartenance à l’UE chez les jeunes.
- Promouvoir des voyages durables et sensibiliser à l'environnement.
Dans le cadre de DiscoverEU Inclusion, l'accent est mis sur les jeunes ayant moins d’oportunités, qui pourraient ne pas initier eux-mêmes une demande. La Maison de l’Europe a ainsi reçu une subvention pour permettre à 4 jeunes de la MAS et 4 jeunes de l’UFOLEP de voyager en train en 2024 avec un accompagnateur. Chaque groupe sera accompagné et recevra un soutien financier pour l'hébergement et les dépenses. Bien que coordonné par la Maison de l’Europe, ce sont les jeunes et les encadrants de la MAS et de l’UFOLEP qui concevront leur propre projet. La thématique proposée pour les participants de la MAS est « gastronomie et féminisme » lors d'un séjour d'une semaine dans le nord de l’Italie, tandis que pour l’UFOLEP, elle est axée sur « sport et santé » en Espagne. A l’heure actuelle les destinations et thèmes sont encore en réflexion. Les jeunes seront responsables de la planification de leur itinéraire, de la réservation de leur logement et de l'organisation des activités.
Pour plus d'informations
DiscoverEU pour les jeunes de 18 ans voyageant individuellement, veuillez consulter la page d'informations du Portail européen de la jeunesse : [DiscoverEU | European Youth Portal] (https://europa.eu/youth/discovereu_fr)
Pour en savoir plus sur DiscoverEU Inclusion et les conditions pour candidater en tant que structure, veuillez consulter la fiche technique du guide Erasmus + : [Fiche KA1_DISCOVEREU INCLUSION.pdf] (https://www.erasmusplus-jeunesse.fr)
Florian achève son service civique
« C’est la fin de mon service civique après 6 mois au cœur de la Maison de l’Europe.
J’avais la charge d’accueillir et de renseigner le public que ça soit physiquement ou bien par téléphone pour des questions pouvant porter sur l’UE, nos dispositifs ainsi que nos évènements. Je m’occupais aussi de l’organisation administrative des cours de langues. Je gérais également certains supports de communication tels que leur site internet et leur newsletter.
La variété des missions a été d’un grand bénéfice pour moi.
J’ai aussi pu sporadiquement participer à certaines manifestations tenues par la Maison de l’Europe tel que Mobi’Gard lors des Erasmus Days.
Journée intégration étudiant Nîmes
Cette dimension sociale de la mission m’a donné la chance de faire des rencontres qui m’ont beaucoup impacté.
Ce service civique m’a permis de bien mieux comprendre et apprécier l’implication de l’UE dans nos vies citoyennes.
Discussion après le discours annuel sur l’état de l’UE
Les opportunités que la Maison de l’Europe propose pour les jeunes sont extrêmement importantes voire essentielles et contribuer à tout ça a été une expérience très enrichissante. Pouvoir ouvrir la voie et donner l’occasion à des jeunes de voyager ainsi que renseigner les personnes sur les questions de l’UE est une mission critique et ce que réalise la Maison de l’Europe de Nîmes pour la région Occitanie est un travail notable.
Je pars désormais participer à l’échange de jeunes en Italie, après ça je n’ai pas encore décidé bien que réaliser un Corps Européen de Solidarité soit un projet qui me motive de plus en plus.
Un grand merci à toute l’équipe de la Maison de l’Europe, les formateurs de langues et membres du bureau pour ces 6 derniers mois qui resteront inoubliables.
A une prochaine fois à la Maison de l’Europe ! »
Florian COLLÉ
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