La ceinture de feu de l'Europe
Regardons une carte du continent européen et de la Méditerranée : l'Union européenne apparaît comme une île de paix cernée à l'est et au sud par une ceinture de feu.
A l'est, la Russie a envahi la Géorgie, l'Ukraine et occupe une partie de la Moldavie ; elle a vassalisé la Biélorussie.
Dans le Caucase, l'Azerbaïdjan règle son compte avec l'Arménie par les armes.
Au Proche-Orient, la Turquie occupe le nord de la Syrie et de Chypre et réprime les Kurdes. La Syrie écrase sa population sous les bombes avec l'aide de la Russie. Le Liban ne s'est jamais remis d'une guerre civile tandis que son économie est pillée par des factions rivales drapées dans des rivalités confessionnelles.
En Israël et en Palestine, les fanatiques religieux des deux côtés ont sabordé les accords d'Oslo* et provoquent des réactions en chaîne violentes dont sont victimes les peuples israélien et palestinien.
Au sud de la Méditerranée, des dictatures oppriment leur peuple tandis que des factions rivales se disputent des lambeaux de la Libye.
Dans ce voisinage si proche (dans un rayon de 3000 km environ), l'Union européenne est au mieux un pourvoyeur d'aide humanitaire et d'argent pour reconstruire, au pire un spectateur impuissant.
Quand les 27 arrivent laborieusement à se mettre d'accord sur une position commune, elle est presque aussitôt décrédibilisée par des initiatives désordonnées et non concertées de ses États membres.
L'Union européenne ne peut plus se contenter de compter les points car elle subit directement les répliques de ces séismes : afflux de migrants fuyant les guerres, les dictatures et la misère, régimes autoritaires utilisant cette détresse pour exercer un chantage financier, tensions sur notre sol entre des diasporas agitées par les conflits extérieurs, terrorisme d'illuminés voulant nous punir de notre action ou de notre inaction...
Les 27 diplomaties concurrentes et souvent divergentes ne font pas le poids face aux actions brutales et cyniques des grands acteurs : Russie, Chine, Iran, pays arabes et États-Unis ; il devient urgent que les pays européens se coordonnent à la majorité et s'en tiennent aux positions arrêtées.
Pourtant, nous avons un poids économique non négligeable, des capacités militaires qui si elles étaient additionnées et rationalisées seraient redoutables et des valeurs morales qui restent attractives pour les populations des pays concernés : la démocratie, l'égalité des sexes, la paix... Ce que nous reprochent les populations du « Sud global », ce ne sont pas nos valeurs auxquelles elles aspirent mais le fait que nous n'y croyons pas suffisamment et que nous les appliquions d'une façon sélective. Il est temps que l'Union devienne un pompier efficace éteignant les incendies que certains attisent à ses portes.
* Ils prévoyaient la reconnaissance de l'existence d'Israël par l'O.L.P (Organisation de libération de la Palestine) et l'établissement d'une Autorité palestinienne, sorte de proto-Etat.
Frédéric BOURQUIN, président de la maison de l’Europe de Nîmes
Comentarios