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Comment le marché européen de l'alcool se réinvente ?

Deux tendances sont en train d’émerger : d’une part les vins mousseux ne sont plus l’apanage de la France avec le champagne et d’autre part les boissons peu ou pas alcoolisées gagnent du terrain.



Un marché pétillant




Crédit : Unsplash



Le marché européen des vins effervescents est en pleine expansion, poussé par de nouvelles habitudes de consommation et par des prix plus compétitifs que ceux du champagne. Ils offrent aussi de réelles opportunités pour les producteurs face au réchauffement climatique.

 

Les crémants français mais aussi le cava catalan ou le prosecco italien gagnent du terrain stimulés par la mode des cocktails comme le Spritz. Les vins effervescents et leurs références de plus en plus variées inondent l’Europe depuis quelques années.


Si les effervescents ont le vent en poupe pour des raisons commerciales, ils sont également intéressants dans le contexte du changement climatique.


 « Pour les effervescents, le raisin est récolté plus tôt, avant sa maturité, afin de maintenir une certaine acidité. Certains viticulteurs du sud de la France en font une stratégie de diversification pour répondre au réchauffement climatique », explique Jean-Marc Touzard, directeur de recherche à l’INRAE.


C’est également une méthode qui se prête bien aux zones plus septentrionales, notamment grâce au cépage solaris, développé en Allemagne en 1975, qui s’adapte aux régions fraîches et aux vins mousseux.


Au Royaume-Uni, par exemple, la plupart des vignobles produisent un vin effervescent. C’est le cas de Chapel Down, le plus grand vigneron du pays, basé dans le Kent, qui a déclaré pouvoir doubler ses ventes entre 2021 et 2026.


Même chose en Suède, où le vignoble Särtshöga, produit actuellement 5000 bouteilles avec du solaris et prévoit d’atteindre 10 000 bouteilles en 2026.

 

« Dans le nord de l’Europe, la mode de l’effervescent est déjà bien présente et les conditions climatiques qui s’améliorent ouvrent des perspectives nouvelles », constate Jean-Marc Touzard, qui réalise des études sur les perspectives pour la période qui va de 2050 à 2070.


Si le mousseux ne dépasse pas les 10 % de la surface du vignoble français, il devrait croître partout en Europe. « On pourrait imaginer une production de vin effervescent en Bretagne et en Normandie avec du solaris. On passerait du cidre au mousseux ».

 

Mais cette dynamique est aussi liée à la chute de la consommation de vin en Europe, en particulier celle de vin rouge. Celle-ci a diminué de 24 % au cours de la période 2010-2020, et elle devrait diminuer de 0,2 % par an entre 2020 et 2031, note la Commission européenne dans un rapport.


Boire moins mais mieux


L’Europe s’enorgueillit de ses spiritueux, dont certains sont les plus réputés au monde, comme le cognac français ou les whisky écossais et irlandais. Mais les goûts des consommateurs évoluent : les cocktails et l’essor des boissons sans alcool ou à faible teneur en alcool sont en train de remodeler le secteur.


En 2023, les exportations de spiritueux hexagonaux ont chuté de 13 % en volume et de 12 % en valeur, les dépenses des consommateurs au niveau mondial ayant été comprimées par l’inflation.


La boisson la plus touchée est le cognac, dont les exportations ont diminué de 21 % l’année dernière. De plus la Chine a lancé une enquête antidumping qui pourrait déboucher sur l’imposition de droits de douane sur les bouteilles à destination de Pékin.

 

Une tendance sur le long terme qui vise à plus de modération est aussi observable.


« Les gens boivent moins », explique ainsi Emily Neill, directrice de l’exploitation chez IWSR, un fournisseur mondial d’informations sur les boissons, cette tendance n’est pas seulement motivée par les difficultés financières, mais aussi par l’importance croissante accordée au bien-être et à l’hygiène de vie.

 

La tendance à la modération se généralise dans toutes les tranches d’âge. « Elle s’étend également géographiquement, non seulement aux États-Unis et Europe occidentale, mais aussi en Asie et en Amérique latine », ajoute-t-elle.

 


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Cependant, l’essor des boissons à faible teneur en alcool, comme les apéritifs, ainsi que celui des gins et des bières sans alcool, crées de nouvelles opportunités commerciales.

 

Les dix principaux marchés pour les boissons sans alcool et à faible teneur en alcool sont la France, l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni, ainsi que l’Australie, le Brésil, le Canada, le Japon, l’Afrique du Sud et les États-Unis. Ensemble, ces pays concentrent 70 % des ventes mondiales.


Dans ces régions, la consommation de boissons sans alcool ou à faible teneur en alcool a augmenté de 5 % en 2023, représentant un marché de plus de 11 milliards d’euros, et les projections de croissance atteignent 6 % entre 2023 et 2027.


En Europe, c’est la bière sans alcool qui a connu la croissance la plus rapide, avec une augmentation de la production de l’UE de 13,5 % en 2023, tandis que celle de bière traditionnelle a baissé de 5 %, selon les données d’Eurostat publiées en août.

 

Même si le marché des produits sans alcool et à faible teneur en alcool connaît une forte croissance, il ne représente encore qu’un petit segment des ventes globales.

 

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