Mais comment font-ils…pour avoir l’Euro comme monnaie, sans être dans la zone euro ni même dans l’U
Initialement cette question intrigante ne concernait, dans mon esprit, que deux États bien précis : le Kossovo et le Monténégro. Je me demandais, tout simplement, comment ces deux pays, encore bien loin d’une adhésion formelle, avaient pu adopter la monnaie européenne alors que dans l’UE même, d’autres pays frappent à la porte de l’Euro sans avoir pour l’instant le droit d’entrer. Du coup mes recherches m’ont permis de réaliser que la situation était beaucoup moins simple qu’il y paraît.
Le premier réflexe est en effet de se dire : on a 19 pays membres de la zone euro, plus deux autres à qui on a donné le droit de ne pas y entrer (le Royaume-Uni et le Danemark par application du principe de l’opt-out), un autre qui a refusé l’euro par référendum et reste donc à l’extérieur sans y avoir été formellement « autorisé » (la Suède) et 6 pays plus ou moins pressés d’entrer dans l’euro (les plus demandeurs, semble-t-il sont la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie et même, ô surprise, la Hongrie, tandis que la Pologne, la République tchèque ne sont guère enthousiastes). Total : 28, le compte est bon.
A y regarder de plus près, les choses sont plus compliquées puisqu’il y a au moins deux situations bien nettes :
celle des micro-Etats qui sont dans l’UE sans en être membres (le Vatican, Saint Marin, Andorre et Monaco), mais sont liés par un accord formel qui les autorise à avoir leurs propres faces nationales sur les pièces qu'ils émettent en euros ;
le Kossovo et le Monténégro, qui n’ont pas cette autorisation formelle et doivent donc utiliser les billets et les pièces ayant cours dans la zone euro sans avoir le droit d’émettre leurs propres supports en euros.
Encore faudrait-il distinguer la situation du Kosovo, qui est encore quasiment sous administration européenne depuis 2001, du Monténégro qui s’est libéré en juin 2006 de la tutelle yougoslave (serbe, en fait) et vit depuis lors sa vie de destination touristique très prisée.
Quoi qu’il en soit, j’espérais apporter la réponse à la question de départ, mais cela s’est avéré beaucoup plus compliqué. Encore n’ai-je pas voulu présenter les multiples formes de lien entre d’autres monnaies nationales et l’euro, en Europe, en Afrique, dans le Pacifique ou ailleurs : on y perd son latin. Peut-être y reviendrons-nous.
L’important c’est de constater que ça fonctionne. Comme souvent, on prouve le mouvement en marchant.
J-L Bernet